Histoires de plantes, histoires pour les jardins

Amoureux des plantes depuis tout petit, 15 ans de travail dans de riches collections botaniques, 12 ans d’explorations en Asie... Des milliers de plantes croisées au détour d’un chemin au sommet des Himalayas, au tournant d’un passage d’un parc anglais ou japonais ou tout simplement plantées dans notre jardin... Parmi celles-ci, j’ai décidé de vous en présenter qui ont une histoire, pour lesquelles j’ai eu le coup de foudre, des plantes qui trouveront place dans nos jardins ou qui resteront au rang de mythiques car incultivables.... La sélection parmi mes innombrables coups de coeur sera difficile et rien n’est préparé. Imaginez que les voyages en Asie et les visites de jardins ont permit de réaliser près de 35.000 clichés de végétaux et que 5.200 d’entre eux sont cultivés dans notre jardin... Ma sélection ne s’arrêtera d’ailleurs pas forcément aux plantes asiatiques. C’est le cœur qui va parler.

n°1 : Phyllostachys nigra / n°2 : Zingiber mioga / n°3 : Davidia involucrata / n°4 : Lilium lancifolium / n°5 : Acer carpinifolium / n°6 : Sinocalycanthus chinensis / n°7 : Poliothyrsis sinensis / n°8 : Clematis rehderiana / n°9 : Isodon serra / n°10 : Rosa setipoda / n°11 : Persea ichangensis / n°12 : Rubus setchuenensis / n°13 : Iris purpureobractea / n°14 : Sorbus scalaris / n°15 : Euonymys myrianthus / n°16 : Adonia amurensis / n°17 : Pseudocydonia sinensis / n°18 : Carpinus fangiana / n°19 : Paeonia japonica / n°20 : Betula maximowicziana / n°21 : Mucuna sempervirens / n°22 : Styrax obassia / n°23 : Heteropolygonatum ogisui / n°24 : Aristolochia moupinensis / n°25 : Tilia henryana / n°26 : Arisaema costatum / n°27 : Akebia quinata / n°28 : Helleborus thibetanus / n°29 : Alangium platanifolium / n°30 : Malus doumeri / n°31 : Chelonopsis moschata & yagiharana / n°32 : Edgeworthia chrysantha / n°33 : Kalopanax septemlobus / n°34 : Rubus calophyllus /

 

Vous connaissez peut être mon intérêt pour les ronces. On n'imagine pas à quel point le genre Rubus est riche et diversifié. Et toutes les ronces ne sont pas d'épais fourrés impénétrables et épineux. On y trouve des arbustes, arbustes grimpants, plantes rampantes couvre-sol, etc… et parmi celles-ci des espèces à feuillages très décoratifs caducs ou persistants, à belles floraisons, à fruits succulents ou encore d’autres non épineuses.

L'espèce que je vous présente ici est une petite splendeur originaire de l'Himalaya. C'est un arbuste dont les tiges arquées et sans épines peuvent atteindre 3 m de long. Elles portent de très belles feuilles pouvant dépasser les 20 cm de long, dentées et fortement nervurées, argentées au revers. Elles sont simples alors que celles des autres espèces proches dans le même groupe sont composées. Ses fleurs sont d'une couleur inhabituelle pour le genre puisqu'elles sont rouges. Elles sont suivies de fruits orange ou rouges.

Cette espèce fait partie du sous-genre Idaeobatus et de la section Lineatae qui comprend, entre autres, de belles espèces comme R.lineatus et R.splendidissimus.

Dans la nature, on la trouve au Bhoutan, sud-est du Tibet et nord-est de l'Inde dans les Etats de l'Arunachal Pradesh, Nagaland et Manipur où elle pousse dans les forêts humides, dans les fourrés et les prairies, entre 2100 et 3300 m d'altitude.

L'espèce a été décrite par C.B. Clarke (qui a énormément travaillé sur la flore de l'Inde) en 1889 à partir de spécimens collectés à Naga Hills (dans l'Etat du Nagaland) près de Jakpho en octobre 1885. La plante fût à nouveau collectée en 1924 par Kingdon-Ward dans les gorges du Tsangpo à 2900m puis en 1928 dans la vallée de Delei dans l'Assam. Watt en collecta également dans l'Etat de Manipur dont des spécimens avec des feuilles particulièrement grandes. Grierson et Long collectèrent des spécimens dans le centre du Bhoutan dans les districts de Mongar et Tashigang entre 2200 et 2900m.

Hormis pour la taille de ses feuilles, c'est une espèce très peu variable.

Cette beauté n'est malheureusement pas très rustique et ne supporte pas les vents froids. Son feuillage prendra toute son ampleur dans un lieu abrité. Elle supporte des températures jusqu'à -10°C environ et préfère un sol humifère et frais, mais sa culture est facile. z8

Nous la cultivons en serre froide non chauffée chez nous où elle se maintient très bien en pot sans pouvoir atteindre ses dimensions maximales.

 

La famille du lierre, les Araliacées, contient un grand nombre de genres dont certaines espèces -pourtant très rustiques- ont des airs de tropicales avec leurs feuillages exubérants. C'est le cas d'un arbre étrange, la Kalopanax septemlobus, plus connu sous le nom de Kalopanax pictus. Encore rare dans nos jardins, on le trouvera plus souvent sous la forme d'un grand arbuste, les vieux sujets pouvant être admirés dans quelques vieux arboretums. C'est une plante étrange, aux grandes feuilles variablement lobées, de 15/30 cm environ. Ses grandes inflorescences peuvent atteindre 60 cm de long avec de nombreuses ombelles de fleurs blanc-verdâtre, mellifères, en fin d'été. Elles sont suivies de baies noires. Ses tiges sont également particulières puisque hérissées de nombreuses épines. En vieillissant, l'écorce gris-marron se fissure profondément. Son bois est utilisé en Asie pour la fabrication de meubles. Si l'arbre peut atteindre 30 m de haut dans la nature, il faudra se « contenter » d'une dizaine de mètres dans son jardin sur des sujets de plusieurs années même si sa croissance est relativement rapide quand il est jeune.

Le botaniste Kaempfer découvrit deux plantes au Japon qui furent identifiées et décrites par Thunberg comme deux érables. Il décrit alors Acer palmatum (l'érable du Japon) et Acer pictum. Mais il y a eu confusion dans les échantillons. Il le rebaptisera rapidement Acer septemlobum. En 1925, Koidzumi le tranfère dans le genre Kalopanax, sous le nom actuel. En 1927, Nakai le nomme Kalopanax pictus mais ce nom n'est pas valide. A noter, que Acer pictum est une espèce d'érable qui existe bel et bien.

Cet arbre a été introduit à nombreuses reprises en Europe. En 1865, Maximowicz envoya des graines, puis Wilson en 1911 avec des graines collectées dans l'ouest de la province de l'Hubei. Ces graines donnèrent des plants dont un sujet fût donné aux jardins botaniques de Kew par les fameuses pépinières Veitch. Il s'agit d'une forme aux feuilles peu lobées que le botaniste coréen Nakai nomma, en 1921, Kalopanax ricinifolius var.chinensis (aujourd'hui synonyme du type). En 1874, Van Houtte, avait nommé une plante Aralia maximowiczii qui fût renommée Kalopanax septemlobus var.maximowiczii (aujourd'hui K.septemlobus f.maximowiczii) et dons les feuilles sont profondément lobées. Une très belle variété pour le jardin.

Le genre ne compte toujours aujourd'hui qu'une seule espèce (E.Russie, Chine, Corée et Japon), avec une sous-espèce (subsp.lutchuensis, du sud du Japon) et une forme (f.maximowiczii, que l'on trouve au nord et au centre du Japon, en Corée et dans le nord de la Chine).

Nous avons eu plusieurs fois l'occasion de trouver cette espèce lors de nos voyages. Dans la province du Sichuan en Chine, sur l'île de Jeju en Corée du sud et dans les montagnes Seorak (toujours en Corée) avec un superbe vieux sujet. Nous avons trouvé la forme maximowiczii au Japon sur les îles de Honshu et Shikoku.

Parfaitement rustique même dans nos régions les plus froides, on le cultivera dans toute bonne terre de jardin bien drainée. Une exposition au soleil ou à mi-ombre avec une préférence pour le soleil dans les régions les plus froides pour un bon aoûtement des pousses de l'année.

 

L'Edgeworthia est un arbuste peu répandu dans nos jardins de la famille des Thyméléacées (celle du Daphne ou bois-joli). Il se caractérise par une abondante floraison jaune, en bouquets denses et parfumés au bout des rameaux, en hiver. Il n'existe que 4 espèces au sein du genre dont une seule peut se trouver dans nos jardins, l'Edgeworthia chrysantha, également appelé Edgeworthia papyrifera.

Edgeworthia gardneri, la seconde espèce cultivée, ne se trouve que dans quelques rares jardins botaniques et nous avions pu observer cette espèce dans son milieu naturel lors d'une expédition au Sikkim.

Edgeworthia chrysantha a été décrit par Lindleyet est originaire de Chine (synonyme = E. papyrifera Sieb. & Zucc.). C'est un arbuste de 1/1.5 m de haut environ résistant à -18°C à feuilles caduques, ovales, de 12 cm de long, soyeuses dessous, goupées au sommet des rameaux. Les fleurs s'ouvrent en deuxième partie d'hiver, sans corolle, avec un calice formant un tube divisé en 4 lobes, jaunes à l'intérieur, couverts de poils blancs et soyeux à l'intérieur, avec 8 étamines à deux niveaux différents dans le tube. Les fleurs sont odorantes, en denses têtes terminales de 30/50, devenant progressivement blanc-crème.

Les fibres très résistantes se trouvant sous l’écorce sont utilisées au Japon pour la fabrication d'un papier-monnaie, d’un papier de soie de qualité et de tissus fins. (d'où le nom donné 'papyrifera')

La plante a été découverte au Japon par Siebold. La description originale de E.chrysanthapar Lindley est basée sur un plant cultivé dans les jardins de la R.H.S. à Chiswick. Cette plante avait été collectée dans l'archipel de Chusan (Zhoushan) dans le nord de la Chine par R.Fortune en 1845.

Il existe une grande confusion à propos de cette espèce car la plante a été décrite en 1846 par deux auteurs : Lindley lui donna le nom de E. chrysantha, Siebold & Zuccarini le nom de E. papyrifera. La règle d’antériorité retient le nom de E. papyrifera.

Cependant, le " United States Department of Agriculture Agricultural Research Service, Beltsville Area" considère que c'est le nom chrysantha qui doit être prioritaire. En culture, la plante est souvent notée sous ce nom.

La nomenclature de GRIN et la nouvelle flore de Chine retiennent le nom de E.chrysantha comme étant celui devant être utilisé.

Il existe une autre espèce originaire d'Himalaya : Edgeworthia gardneri qui, contrairement à l'autre espèce, à ses feuilles persistantes. Cette plante a sans doute une rusticité très limitée et les plantes portant ce nom dans des collections extérieures sous nos climats sont mal identifiées et correspondent à E.papyrifera.

Actuellement, 4 espèces semblent reconnues. Les 2 ci-dessus ainsi que E.albiflora & E. eriosolenoides, toutes deux endémiques de Chine.

Cet arbuste de 1 à 1.5 m de haut seulement, trouvera facilement sa place dans un petit massif ou dans une rocaille du moment que l'emplacement est ensoleillé ou légèrement ombragé et le sol bien drainant. Sa floraison hivernale illumine les jardins endormis.

 

La famille des Labiées comprend de nombreux genres dont beaucoup de plantes vivaces ayant un intérêt ornemental ou culinaire. Si le sauges, thyms, romarins et autres stachys font partie de la palette courante de nos jardins, certains genres sont encore aujourd'hui bien moins connus. C'est le cas des Chelonopsis. Si l'on trouve une ou deux espèces dans les pépinières de collection en Europe, nous avons vraiment pu découvrir ce genre lors de nos voyages au Japon où plusieurs espèces sont courantes dans les jardins et dans les pépinières.

Le genre a été décrit par le botaniste Miquel en 1865. Toutes les espèces sont originaires de l'Asie tempérée. Ce n'est pas un grand genre puisqu'il compte à ce jour 16 espèces (d'après la World Checklist de Kew). Avec seulement 2 ou 3 espèces en culture dans nos jardins et pépinières, nous en avons encore de nombreuses à découvrir !

Plusieurs espèces ne sont pas à proprement parler des plantes herbacées. En effet, la majorité ont les tiges qui se lignifient à la base et pourraient donc être plus qualifiées d'arbrisseaux. La répartition géographique du genre se situe en Chine (13 espèces) et au Japon (3 espèces).

Chelonopsis moschata a été nommée en 1865 par Miquel lorsqu'il a décrit le genre. La plante était alors citée comme originaire du Japon et d'une région de Chine. Elle est en réalité endémique du Japon sur les îles de Honshu, Hokkaido, Shikoku et Kyushu où elle pousse dans les forêts de montagnes entre 400 et 1600 m d'altitude. Elle forme une belle touffe dense aux tiges retombantes. Elle peut atteindre 50/60 cm de haut environ, voire plus. Ses grandes fleurs sont rose foncé et apparaissent en fin d'été.

C.yagiharana a été décrite plus tard, en 1918, par Hisauti & Matsuno. Elle est également endémique du Japon, uniquement dans le centre de l'île de Honshu, dans les Préfectures de Kanagawa et Shizuoka, où elle pousse sur les rochers modérément humides en montagne, entre 800 et 1200 m d'altitude. Elle ne mesure que 20/40 cm de haut et ses fleurs sont également rose foncé.

Au 19° siècle, Hemsley note que C.moschata est une plante est très variable dans la forme des feuilles ainsi que dans la manière dont le bord du limbe est denté. C'est sans doute pour cela que la nomenclature du genre au Japon n'est pas toujours simple, encore aujourd'hui. On trouve d'ailleurs souvent C.moschata et C.yagiharana mises en synonymie. C'est une erreur car ce sont certes deux espèces proches, mais bien distinctes. On retrouve d'ailleurs souvent des plantes mal nommées dans les pépinières et il règne une grande confusion entre C.yagiharana et C.moschata. Il y a deux moyens simples pour les distinguer : C.yagiharana a des fleurs solitaires et sur le haut des tiges uniquement alors qu'elles sont groupées par 1 à 3 et apparaissant dès le milieu des tiges chez C.moschata. De plus, C.yagiharana est une petite plante de 20/30 cm de haut alors que C.moschata atteint 50 cm ou plus de haut (parfois jusqu'à presque 1m).

Les Chelonopsis sont des plantes intéressantes au jardin pour plusieurs raisons. Elles se cultivent très facilement et ne sont pas fragiles. Leur croissance est rapide et elles ne craignent pas le froid. Leur floraison est attractive et intervient à un moment (fin d'été) où le jardin n'est pas le plus fleurit. Nous en cultivons au moins 3 espèces dans notre jardin (C.moschata, C.longipes et C.yagiharana, et une autre plante encore non déterminée trouvée dans une pépinière au Japon) et elles ont très bien passé l'hiver dernier et ses -18°C.

Elles apprécient les situations ombragées dans des sols fertiles pas trop secs.(en photo : C.moschata)

 

Un pommier subtropical dans nos jardins.

Malus doumeri est un arbre originaire du Vietnam, du Laos, de Taiwan et sud de la Chine où il pousse dans les forêts denses entre 1500 et 2000 m d'altitude. Dans son aire d'origine, il fleurit entre décembre et février puis fructifie de septembre à novembre.

Dans son habitat, il atteint 10 à 30 m de haut. Ses jeunes rameaux sont gris-pubescents. Ses feuilles sont très variables allant de ovales à elliptiques ou oblongues-lancéolées. Elles mesurent 8/15 cm de long et 3/6 cm de large. Elles sont irrégulièrement dentées, surtout quand elles sont jeunes, et parfois plus ou moins lobées. Ses inflorescences comptent de 3 à 6 fleurs blanches, parfois teintées de jaune, de 2,5/3 cm de diamètre. Les pommes sont globuleuses, de 4 à 5 cm de diamètre, rouge-jaunâtre à maturité avec 1 à 2 graines par loge.

Le fruit est comestible mais très âpre. Il est consommé par les populations des montagnes. Son goût rappelle celui de la pomme sauvage d'après Auguste d'André (Bois, 1904). La plante est utilisée dans les régions subtropicales pour greffer des pommiers. D'ailleurs, en 1904, Désiré Bois note que cet arbre pourra certainement être utilisé avec grand avantage comme porte-greffe pour la culture des variétés d'Europe que l'on voudra introduire dans l'Annam (région correspondant aujourd'hui au centre du Vietnam). Convaincu de l'intérêt que cet arbre pouvait présenter à ce point de vue, Auguste d'André en a fait, à l'époque, récolter de nombreuses graines et plusieurs milliers de plants dans le but de le propager dans les régions où il pourrait être utile.

La classification de ce pommier a souvent posé problème et il en existe de nombreux synonymes. En effet, beaucoup de critères le rattache au genre Docynia. Mais dans ce dernier genre, on trouve 3 à 10 ovules par loges et seulement 2 pour le genre Malus.

Compte tenu de ses origines, on pourrait tout de suite penser que ce bel arbre n'est pas fait pour nos jardins. Il est évident qu'un clone collecté au Laos, au Vietnam ou même à Taiwan à basse altitude ne devrait pas tenir longtemps sous nos climats. Mais la flore de Taiwan l'indique comme poussant jusqu'à 2000 m d'altitude. Et comme à partir de 1800 m environ, on trouve des plantes tenant très bien chez nous en hiver, on pouvait penser que des plants de haute altitude pourrait être plantés dans nos jardins. En 2006, nous introduisons un lot de graines collectées dans la région de Nanfeng à 2055 m. Les quelques plants obtenus sont plantés à différents lieux : un plant au jardin botanique de Lyon, 2 plants au col de Saverne dans les Vosges, un plant dans un jardin privé à Colmar et 3 plants dans notre jardin en Bourgogne. Les premiers hivers suivant la plantation sont doux et les jeunes plants subissent des températures minimales de -8°C. Ils n'en souffrent nullement ce qui est prometteur. Les plants au col de Saverne subissent des températures plus froides, sans aucun dégâts. Le véritable test pour ce pommier d'exception a eu lieu en février de cette année. Avec 3 semaines en plein vent du nord oscillant régulièrement entre -16 et -18°C dans un sol gelé sur 50cm de profondeur. Nos 3 plants mesurent entre 3 et 4 m de haut, voire un peu plus, et ils ont passé l'épreuve sans aucune difficulté (les plants n'étaient pas protégés). Voilà donc une espèce encore méconnue, ornementale et utilitaire, pour enrichir nos plantations. Autre caractéristique de cet arbre, son feuillage se montre quasiment persistant. En effet, celles-ci tombent très tardivement (fin décembre ou plus tard) et restent sur l'arbre presque tout l'hiver si le temps est clément. Ceci ne les empêche cependant pas de prendre de superbes teintes en automne.

On le plantera au soleil ou à mi-ombre, dans toute bonne terre de jardin et il ne semble pas craindre le calcaire.

Cet arbre est dédié à Paul Doumer (1857-1932), créateur de la station agricole du Lang Bian (massif de la chaîne annamitique voisine de la frontière de la Cochinchine). Désiré Bois a décrit cet arbre (sous le nom de Pirus doumeri) à partir d'échantillons fournis par Guillaume Caous (1857-1931), directeur de l'agriculture, des forêts et du commerce de l'Indochine, qui les avait reçu d'Auguste André. Ils avaient été récoltés sur un arbre découvert au pic du Lang Bian, à 2000 m d'altitude, sur la lisière d'une forêt. Désiré Bois a décrit cet arbre dans le genre Pirus (Pyrus, le poirier) en se basant sur le fruit qui, malgré sa ressemblance à une pomme, présentait de nombreuses cellules pierreuses dans le mésocarpe (la «pulpe») constituant un caractère des poires.

Devant les caractères ornementaux indéniables de ce pommier, nous avons multiplié cette espèce que nous proposons maintenant dans notre pépinière.

 

Le genre Alangium ne vous dit peut être pas grand chose. Et pour cause ! C'est un petit genre comprenant des arbres de taille modeste classé dans la famille des Alangiacées ou Cornacées (famille des cornouillers). Et ne cherchez pas une ressemblance avec un cornouiller....

Si vous ne connaissez pas ce genre, c'est parce qu'il reste rare dans nos jardins et qu'il faut se rendre dans des collections botaniques pour en observer. Pourtant, ces petits arbres ne manquent pas d'atouts et nos visiteurs sont toujours ébahis devant le feuillage exubérant de nos plants.

Les Alangium sont intéressants pour la diversité de la forme de leurs feuilles qui sont souvent de taille impressionnante, leur croissance très rapide et leurs petites fleurs blanches pendantes et parfumées en été.

Alangium platanifolium est une espèce qui apparaît assez régulièrement dans des inventaires de jardins botaniques mais qui n'est pas toujours bien identifiée. Elle est souvent confondue avec Alangium chinense. De plus, il existe plusieurs variétés de Alangium platanifoliumqui ont des feuillages très différents.

Jusqu’à notre premier voyage au Japon, je me demandais bien pourquoi on avait nommé cette plante A.platanifolium, à savoir littéralement : à feuilles de platane. En effet, tous les arbres observés en culture présentaient des feuilles à formes diverses mais ne ressemblant pas à du platane !

Il y a d’abord, comme je viens de le dire, une grande confusion en culture avec A.chinense (et A.kurziimais plus rare en culture). Ce dernier est bien souvent mal étiqueté A.platanifolium. Et puis, au sein de A.platanifolium, il y a une grande variabilité de feuillage et la variété trilobum, présente en Chine, au Japon et en Corée présente des feuilles bien moins découpées que chez le type. Généralement, on trouve dans les jardins A.chinense ou A.platanifolium var.trilobum. Enfin, A.platanifolium type est sans doute la plante la plus petite car elle reste sous forme d’arbuste de 2 à 3 m. La var.trilobum est indiquée comme étant un grand arbuste ou un petit arbre mais nous avions pu observer dans le Sichuan en Chine des arbres bien plus grands que ça. A.chinense est quand à lui indiqué comme étant un petit arbre de 3/5m de haut mais, là aussi, nous avons pu souvent observer des plants bien plus grands.

Les plants que nous avons vus dans les forêts de Shikoku au Japon étaient tous des arbustes à feuilles profondément lobées et n’avaient, effectivement, rien à voir avec ce qu’on avait pu voir jusqu’alors en culture.

C’est un arbuste très élégant aux branches étalées. La var.trilobumest commune au Japon, en Corée et en Chine alors que la variété type ne se trouve qu’à l’ouest de Honshu, à Shikoku et Kyushu au Japon où elle est notée rare ainsi qu’en Corée. On peut aussi le trouver, dans la littérature, sous le nom de Marlea platanifolia.

C'est un arbuste de 2/3 m de haut avec des feuilles orbiculaires, de 7/20 cm de long et large, avec 3/5(7) lobes profonds, à base cordée. Les inflorescences sont axillaires, corymbiformes, lâches, avec peu de fleurs. Elles sont composées de pétales blancs, fortement recourbés, linéaires, de 3/3.5 cm de long et environ 2.5 mm de large. Les fruits sont ellipsoïdes, de 7/8 mm de long, bleus, glabres, contenant généralement une graine.

Les feuilles de la var.trilobum ont 3/5(7) lobes deltoïdes et peu profonds. Il est à noté que nous avions trouvé dans le Sichuan il y a quelques années une forme à fleurs roses.

Comment différentier les deux variétés :

feuilles peu profondément lobées, lobes deltoïdes..........var.trilobum

feuilles profondément lobées, lobes ovales à étroitement ovales..........var.platanifolium

Les Alangium se plantent au soleil ou en situation ombragée, voire même en sous-bois. Ils ne sont pas exigeants sur le sol mais il devrait tout de même être assez fertile et pas trop sec. Ils passent nos hivers bourguignons sans problème et ont une croissance très rapide (des plants de 30 cm au printemps dernier atteignant près de 2m en fin de saison!). Ce sont des plantes à mettre en évidence afin de profiter de leur feuillage original et exubérant.

 

Les roses de Noël ou hellébores (genre Helleborus, famille des Renonculacées) sont bien connues de nos jardins. C’est un petit genre qui comprend une quinzaine espèces. L’hellébore fétide ou Helleborus foetidus est commune dans nos sous-bois. L’espèce que je vous présente ici est sans doute une des moins connues et encore peu répandue en culture malgré sa grande beauté. Cette espèce marque la limite orientale de la répartition du genre que l’on retrouve en Europe et en Asie mineure (Caucase, Turquie) et est isolée par rapport aux autres espèces (les espèces d’hellébores les plus proches sont à plus de 5000 km à l’ouest ! ! !).

Son introduction en culture est assez récente (en 1991, de graines envoyées de Chine par le Professeur Kao Pao-chung de l’Institut de botanique de Chengdu et qui avaient été récoltées dans le Sichuan, près de Baoxing, sur la montagne Dengchigow à 2300m).

 

Cette plante est sans doute la plus délicate du genre avec ses fleurs allant de presque blanc à rose foncé veiné de rose sombre et avec des sépales de texture très fine par rapport aux autres espèces. 

 

Helleborus thibetanus a été décrite par Franchet en 1885 à partir de spécimens collectés en 1869 par Armand David dans le Sichuan à Baoxing (anciennement Moupin). Dans la même année, Beresowski collecta des spécimens dans la province du Gansu qui furent décrit par Maximowicz en 1890 sous le nom de H.chinensis, nom maintenant mis en synonymie de H.thibetanus.

 

Cette espèce est endémique du sud-ouest de la Chine (Sichuan, Gansu, Shaanxi), dans les forêts ombragées, à 1100/3700 m.

C’est une espèce rare qu’il est difficile de trouver dans son habitat. Nous avons eu la grande chance d’en observer une population dans une forêt sauvage et reculée du Sichuan durant une expédition en juin 2007. A cette saison, les plants ne portaient plus de fleurs et des fruits encore immatures. Mais ce fût pour nous très intéressant de pouvoir la voir dans son milieu naturel.

note : L’espèce a été baptisée thibetica car, à l’époque et dans les régions où elle a été découverte, la plante se trouvait encore en territoire tibétain.

 

Culture :

Cette espèce est rustique et préfèrera une situation mi-ombragée (sous-bois) en sol humifère. Elle a une période de repos assez grande, et le sol ne doit pas être trop sec durant cette période.

La multiplication peut se faire de semis. La germination peut être longue. Par exemple, les graines reçues à Kew de Chine en 1991 : après le semis en juin, une partie des graines a germé au printemps suivant (mars 1992) mais certaines graines ont germées seulement en 1998 ! ! !

Il est préférable de semer les graines quand elles sont fraîches.

 

 

 

Le genre Akebia fait partie de la famille des Lardizabalacées et se compose de plantes ligneuses grimpantes principalement. Les Lardizabalacées sont une petite famille répartie de l'Himalaya jusqu'au Japon – avec un représentant en Amérique du sud - dédiée au naturaliste espagnol Lardizabal.

Le genre Akebia est confiné dans l'est de l'Asie (Japon, Corée, Chine, Taiwan). Akebia vient du japonais « akebi » qui est le nom populaire de la plante au Japon : Akebi = Ake (ouvert) et bi (fruit ou graines) car les graines noires sont visibles sur les fruits mûrs.

L’espèce la plus connue est Akebia quinata que l’on peut trouver maintenant facilement dans le commerce. Il existe même depuis quelques temps des variétés à fleurs blanches ou bicolores. La plante est facilement identifiable par ses feuilles composées et ses fleurs sombres.

Les Akebia sont des plantes très vigoureuses à croissance rapide. Elles sont théoriquement persistantes mais les feuilles peuvent tomber lors des hivers rigoureux. Leur floraison est assez inhabituelle et les fleurs étranges.

Dans la nature, ces plantes poussent dans les lieux boisés et grimpent sur les arbres à mi-ombre. Il faudra donc veillez à prévoir un grand support car les tiges peuvent aller très haut ou les planter au pied de grands arbres. Supportant très bien la taille, on pourra également les laisser grimper sur un grillage. La situation devra être ombragée à ensoleillée mais non brulante et protégée des vents du nord surtout en hiver. Le terre doit être assez riche et ne desséchant pas trop en été. Une fois installées, les tiges peuvent prendre plusieurs mètres chaque année.

La fructification est assez spectaculaire. En effet, les graines se trouvent dans des fruits en forme de grosses saucisses roses. Chaque fruit produit une grande quantité de grosses graines noir brillant qui germent très bien. La pulpe qui les entoure est comestible. Les Akebia sont des plantes monoïques.

Il est nécessaire d’avoir d’autres variétés à proximité pour obtenir la fructification.

Différents textes trouvés dans la littérature notent en effet qu’il faut plusieurs taxons pour qu’il y ai production de fruits. Plusieurs écrits citent également que la production de fruits semblent également lié à la longueur et chaleur du printemps et de l’été (été chaud et long = fruits).

Quoi qu’il en soit, il semble qu’une fois la première fructification faite, elle a lieu les années suivantes et je peux vous garantir qu’elle éveille la curiosité des voisins ou des passants !

En plus du semis, on peut également multiplier les Akebia par boutures de tiges ou de racines.

 

Akebia quinata a d’abord été décrite par Thunberg dans le genre Rajania (famille des Dioscoreacées) mais Decaisne n’étant pas d’accord crée le genre Akebia en 1837. Cette plante est cultivée dans les jardins au Japon sous le nom de Fagi-kadsura-akebi et Mr.Fortune envoya à la Société d’horticulture de Londres des plants récoltés à Chusan (île au large des côtes Est de la Chine, face à la province du Zhejiang). A cette époque, une deuxième espèce est déjà connue sous le nom de Akebia lobata (aujourd’hui Akebia trifoliata, appelée Akebi mitsaba au Japon). En 1853, Decaisne note : « Les Akebia doivent se cultiver en orangerie ; leur végétation hivernale s’oppose à ce que nous puissions les faire entrer avec avantage dans l’ornement de nos jardins, pour couvrir les tonnelles, sous le climat de Paris ».

Mais l’hiver suivant, 1853-54, a démontré que l’Akebia est bien plus rustique que le pensait Decaisne. Dans la revue horticole de 1854, Mr.Carrière note que les deux pieds (de à peine 2 mètres) plantés au Museum, l’un contre un mur, et l’autre en plein air, n’ont pas soufferts dans leurs parties herbacées. L’illustration est tirée de « l’histoire des plantes » parue en 1872.

 

 

 

Akebia quinata est originaire de Chine, Corée et Japon dans les fourrés sur les collines et les montagnes.

Ses tiges utilisées en médecine chinoise comme diurétique et antiphlogistique.

 

La couleur des fleurs est très variable allant du pourpre très foncé au rose en passant par le blanc. On trouve dans le commerce ‘Cream form’, une plante à fleurs blanc-crème avec les étamines pourpres. Elles sont plus parfumées que le type à fleurs pourpres. En 2008, nous avons trouvé une forme très proche dans les montagnes du Japon dans la région de Kobe. Au moins deux formes ont été décrites :

Akebia quinata  f. diplochlamys  qui pousse au Japon sur les îles de Honshu, Shikoku et  Kyushu) mais notée également en Corée et en Chine (Jiangsu, Zhejiang, Jiangxi, Hubei, Shaanxi, Gansu, Sichuan). Cette forme, décrite en 1931, n'apparaît ni dans la flore du Japon, ni dans la flore de Chine, que ce soit en nom valide, ou dans les synonymies.

 

Akebia quinata  f. viridiflora est une forme à fleurs à tépales verts décrite au Japon. Cependant, cette forme, décrite en 1902, n'apparaît pas dans la flore du Japon, ni en nom valide, ni dans les synonymies.

 

Nous avons pu observer cette plante à plusieurs reprises lors de nos voyages, principalement au Japon et en Corée. Il semble que les plants poussant en Corée sont majoritairement à fleurs roses.

 

 

De la famille des arums de nos sous-bois, les Aracées, le genre Arisaema est moins connu et semble ne pas encore trouver sa place hors des jardins des collectionneurs. C’est une belle injustice car sous leurs airs de plantes délicates, on peut facilement cultiver une grosse dizaine d’espèces dans nos jardins où elles ressortiront et fleuriront chaque année sans problème.

Le genre Arisaema compte tout de même environ 180 espèces réparties principalement en Asie mais également en Amérique du nord, sur la péninsule arabique et dans le nord-est de l’Afrique. Certaines espèces poussent en milieux tropicaux mais on en trouve une grande majorité dans les montagnes tempérées de Chine, du Japon et de l’Himalaya.

Les arisaemas sont des plantes faciles à voir dans ces régions de l’Asie. Elles y sont communes et on peut en observer plusieurs espèces sur une même journée. Si certaines espèces ont des inflorescences vertes, d’autres, au contraire, ont des couleurs très vives avec des formes remarquables.

C’est le cas de Arisaema costatum, une espèce himalayenne. Lors d’un voyage au Népal en juin 2000, nous avons eu l’occasion d’en observer à plusieurs reprises. C’est dans la région des Annapurna que nous avons vu les plus beaux sujets. Après avoir longé le Mustang et rejoint la bourgade de Jomson à 2713 m d’altitude, nous avons descendu le sentier qui rejoint la ville de Pokhara au bord d’un grand lac à 915 m d’altitude. Pour ce faire, nous avons traversé plusieurs villages comme Tukuche, Kalopani, Ghasa, Tatopani, Ghorapani...

Si la région de Jomson est sèche et la végétation très rase, on passe rapidement dans des forêts épaisses et humides. C’est lors d’une halte pour la nuit à Kalopani dans un grand hôtel désert, dans une brume épaisse que nous avons pu observer plusieurs plantes intéressantes en fleurs comme le lys du Népal (nous en reparlerons) et ce fameux Arisaema. Outre le fait que ses inflorescences étaient magnifiques, nous avons été impressionnés par la taille de ses feuilles trifoliées. Dans nos jardins, celles-ci restent de taille plus modeste.

 

Arisaema costatum est connu depuis longtemps puisqu’il a été décrit en 1824 mais il est resté très longtemps très peu répandu en culture. Il a fallu attendre des introductions assez récentes (dans les années 1980) du Népal en Angleterre pour qu’il commence à être diffusé.

Son inflorescence est composée d’une spathe pourpre foncé striée de blanc tout à fait remarquable. Le tubercule produit chaque année une grande feuille composée de 3 folioles vert brillant. Il pousse dans le centre et l’Est du Népal ainsi que dans le sud du Tibet, dans les forêts, entre 1900 et 2800 m d’altitude.

 

Dans le jardin, il demandera un sol humifère, fertile et bien drainant. On le plantera en situation ombragée, en plaçant le tubercule à environ 20 cm de profondeur afin de bien passer les hivers rigoureux. Il s’associera bien avec des Epimedium, Deinanthe, fougères, sceaux de Salomon, Asarum...

Il fleurit au printemps, au mois de mai-juin. Nous aurons l’occasion de voir d’autres espèces un peu plus loin dans cette série.

 

S’il fallait en choisir un, ce serait celui-là. Parmi les 30 à 40 espèces connues de tilleuls, Tilia henryana, le tilleul de Henry, est mon grand coup de cœur. Plusieurs raisons à cela : son magnifique feuillage composé de grandes feuilles avec grosses dents qui ne peut être confondu avec aucune autre espèce du genre ; la couleur rose de ses jeunes feuilles au débourrement ; les belles couleurs d’automne ; son faible développement qui permet de le placer même dans des petits jardins ; et ses grandes fleurs très agréablement parfumées qui font le bonheur des abeilles en été.

 

Cette espèce est dédiée au docteur Augustine Henry (1857-1930) qui a beaucoup exploré la Chine et étudié sa flore et dont de nombreuses plantes portent son nom. Le botaniste polonais Ignaz von Szyszylowicz étudia les spécimens de tilleul collectés par Henry et décrivit 3 nouvelles espèces en 1890 dont le Tilia henryana (ainsi que Tilia tuan et T.oliveri). D’après Wilson, Tilia henryana est plus grand que les autres espèces du centre de la Chine où il peut atteindre 24 m. Dans nos jardins, il reste longtemps à l’état de petit arbre de moins de 8 m de haut. Seuls les très vieux sujets peuvent dépasser les 10 m. Il n’est pas courant dans son milieu naturel. D’près Bean (1980) il aurait été introduit par Wilson pour les pépinières Veitch en 1901 mais il n’y a pas de plants connus de cette source en culture. Il a été (ré)introduit en 1934 à Kew Gardens à partir de graines envoyées par le jardin botanique de Nanjing dans la province du Jiangsu. En 1980, les arbres issus n’atteignaient que 5.1 m de haut. Normalement, les feuilles portent des touffes de poils en-dessous et les spécimens à feuilles glabres ont été nommés var.subglabra (en 1909) ou var.carlesii. J’ai pu récemment en voir un beau spécimen à l’Arboretum de Wespelaar en Belgique. L’espèce type pousse dans les provinces chinoises de Anhui, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Shaanxi et Zhejiang. La variété subglabra dans les provinces de Anhui, Jiangsu, Jiangxi et  Zhejiang.

 

En culture, il se plaira en situation ensoleillée ou mi-ombragée, dans un sol pas trop sec ni trop humide. Il ne craint pas les sols argileux. On trouve surtout des plants greffés dans le commerce car les graines produites par l’arbre sont généralement stériles. Ses fleurs peuvent être séchées et utilisées en infusion.

Il est de culture facile et ne craint pas les maladies. Assurément, un arbre pour tous les jardins.

 

 

 

Voici un genre que j’aime particulièrement. Les aristoloches sont pour la majorité des plantes grimpantes mais de nombreuses espèces, notamment méditerranéennes, sont des herbacées basses.

Parmi les grimpantes, on connait surtout les espèces tropicales, à fleurs géantes, dans les serres de nos jardins botaniques. Pourtant, il est possible d’en cultiver certaines dans nos jardins, qui poussent naturellement en milieux tempérés. Ce sont principalement des espèces de Chine, Japon et Amérique du nord.

On trouve 45 espèces d’aristoloches en Chine. Certes, toutes ne sont pas rustiques mais un bon nombre pourraient être cultivées chez nous. Là aussi, peu d’espèces sont introduites en Europe.

 

J’ai toujours été intéressé par trouver des espèces en montagne, dans des régions aux hivers froids. Et si certaines ont des fleurs assez petites, Aristolochia moupinensis a une floraison bien visible et colorée. J’ai pu observer cette plante une première fois dans les forêts épaisses des montagnes de la région de Wolong dans le Sichuan en Chine. C’était en juin et la plante était en fleurs. Quelques vieilles graines ont donné une plante qui a bien prospéré dans notre jardin jusqu’à sa première floraison. Hélas, la plante n’a pas fructifiée et a rapidement dépérit (excès d’humidité, rongeur ?...). Elle formait pourtant une plante de plus de 2 m de haut avec de grandes et belles feuilles.

J’ai eu l’occasion de revoir cette plante lors d’un voyage en septembre dans le massif des montagnes Gongga, toujours dans le Sichuan. Les plants portaient de nombreux fruits et donc, de nombreuses graines. J’en ai obtenu plusieurs pieds dont le plus grand dépasse actuellement 2m dans le jardin mais qui n’a pas encore fleurit. J’en ai à nouveau vu en fleurs lors d’un voyage plus récent dans la région de Baoxing, toujours dans le Sichuan, en mai.

 

Cette espèce a été découverte par Armand David dans la région de Baoxing dans le Sichuan. Puis le Père Monbeig la trouva dans la région de Yanmen dans le Yunnan. Elle fut ensuite à nouveau collectée par E.H. Wilson dans l’ouest de la Chine pour le compte de Mr. Veitch où elle fleurit la première fois dans les pépinières à Coombe Wood en juin 1908.

 

Sa répartition naturelle se situe en Chine dans les provinces de Fujian, Guizhou, Hunan, Jiangxi, Sichuan, Yunnan et Zhejiang, dans les forêts et les fourrés, entre 2000 et 3200 m d’altitude. Elle est utilisée en médecine traditionnelle.

 

Au jardin, on la plantera dans un lieu ensoleillé ou mi-ombragé, en sol fertile, drainant et pas trop sec. Sa croissance est assez rapide et son feuillage est décoratif. Elle fleurit aisément dans la deuxième moitié du printemps. Ses fleurs bicolores, de belle taille pour une espèce tempérée, en font une grimpante originale et intéressante.

 

 

 

Voici un genre méconnu très peu répandu en culture. Vous connaissez sans doute le genre Polygonatum, les sceaux de Salomon. Voici un genre proche, de la même famille, mais qui pousse en épiphyte sur les arbres en forêts. C’est un genre récent, décrit seulement en 1997 et ne comprenant que 6 espèces, toutes originaires de Chine.

 

Le genre Heteropolygonatum faisait partie de la liste de plantes que je souhaitais voir dans la nature. J’avais lu dans la littérature que ce genre avait été signalé dans les montagnes Gongga dans le Sichuan. Nous n’avons jamais trouvé H.pendulum pourtant signalé dans ce massif  mais, dans les denses forêts d’altitude, les branches des arbres portaient une multitude de petites plantes en fruits (c’était au mois de septembre) qui ressemblaient beaucoup à des sceaux de Salomon. Les plants ne dépassaient guère 15 cm de haut, avaient de petites feuilles arrondies et de nombreux fruits rouges. Cela nous a permit d’en collecter des graines. Nous n’avions alors pas encore identifié la plante. Les graines, semées rapidement à notre retour, ont bien germées. Une bonne trentaine de petites plantes ont émergées de leur pot sous forme d’une minuscule et unique feuille de quelques millimètres. Malheureusement, j’ai négligé ce pot lors du déménagement de mes plantes de chez mes parents à notre jardin actuel et je n’ai sauvé qu’une plantule. J’aurais du les repiquer plus rapidement. La jeune plante rescapée fleurit depuis 3 ans mais n’a jamais fructifiée. Elle se maintient bien en culture même si elle ne grossit pas vite. Je ne désespère pas de pouvoir la multiplier un jour. Ceci a tout de même permit une observation approfondie de la plante et d’affiner son identification. J’étais tout d’abord parti sur le genre Polygonatum, ne croyant pas à la chance d’avoir pu trouver le genre tant recherché. Mon travail de recherche s’arrêta sur Polygonatum anomalum mais ceci ne correspondait pas tout à fait d’autant que cette espèce est mise en synonymie de P.punctatum dans la nouvelle flore de Chine. Et là, ça ne collait vraiment plus.

Il a fallu que je tombe sur un article dans le Curti’s Botanical Magazine de 2001 pour reconnaitre ma plante. Plus de doute possible, il s’agissait bien d’un Heteropolygonatum, H.ogisui, espèce décrite cette année là et endémique du Sichuan.

 

L’espèce a donc été décrite il y a seulement 10 ans et elle fût découverte au sommet du mont Wawu dans le Sichuan, à 2700m, dans les forêts moussues de bouleaux, érables et sapins, en mai 1998 par Mikinori Ogisu. On connaissait déjà dans cette aire le H.xui. L’espèce a été décrite par Minoru N.Tamura & Jie-mei Xu en l’honneur de son découvreur. Je ne sais pas si elle avait déjà été signalée dans les montagnes Gongga lorsque nous l’avons trouvée.

En culture, malgré qu’elle soit épiphyte, la plante pousse correctement dans un substrat humifère, frais et bien drainant, en situation ombragée. Elle fleurit au mois de juin. Ses tiges mesurent entre 10 et 20 cm et portent des feuilles arrondies. Les inflorescences, terminales et axillaires, portent une à deux fleurs roses. C’est une plante à réserver à des massifs de petites plantes d’ombre comme les Ophiopogon, Hepatica, Asarum...

 

 

 

La famille des Styracacées reste encore aujourd’hui connue principalement des collectionneurs. C’est pourtant une famille d’arbres et arbustes qui ne manque pas de charme. S’il est vrai que ces plantes n’affectionnent guère les sols lourds et argileux, ils font merveille dans toute bonne terre de jardin humifère. On les utilisera principalement pour leurs floraisons abondantes et parfois parfumées.

Dans la famille, le genre Styrax compte tout de même près de 130 espèces. Je ne suis pas sûr que l’on en trouve plus de 6 ou 7 dans nos jardins....

Le plus connu est Styrax japonica qui m’a toujours impressionné au Japon. Nous en reparlerons dans une autre histoire.

Si je souhaite présenter le Styrax obassia c’est que, en plus de sa généreuse floraison, il se distingue des autres par ses très grandes feuilles fortement incisées à l’apex.

L’espèce est originaire des forêts du Japon, de Corée et de l’Est de la Chine. En septembre 2011, nous avons eu l’occasion de l’observer à plusieurs reprises, dans les montagnes de la Corée du sud. Certes, ce n’était pas la saison des fleurs mais les arbres -car ils formaient de véritables arbres - portaient de longues grappes pendantes de fruits. Il était tout à fait étonnant de se promener sous une canopée de Styrax !

Si l’espèce peut dépasser les 10m de haut dans son milieu naturel, elle ne deviendra pas plus haute qu’un grand arbuste dans nos jardins.

 

En 1889, J.D. Hooker note qu’il s’agit d’un des plus beaux arbustes à fleurs rustiques introduits du Japon depuis des années. Il fut découvert par Siebold au Japon qui nota que ses fleurs sentaient la jacinthe. A l’époque, on le connaissait des îles Kyushu et Shikoku au Japon mais également de Corée où Wilford le découvrit et où il le collecta en 1859 pour les jardins de Kew.

Hooker, toujours en 1889, note également que la différence de taille et de forme de ses feuilles est remarquable.

En juin 1888, Mr. Veitch exposa la plante à la Royal Horticultural Society.

 

Au jardin, la plante demandera un sol drainant, humifère, acide à neutre, pas trop sec, en situation mi-ombragée ou au soleil non brulant. Elle fleurit en mai-juin et ses inflorescences, qui comptent 15 à 20 fleurs, peuvent atteindre 15 cm de long. Ses feuilles peuvent dépasser les 20 cm. Sa floraison est généreuse et sa croissance assez rapide.

 

 

 

Plantes étranges s’il en est, les mucunas, de la famille des légumineuses, sont des grimpantes vivaces ou annuelles, herbacées ou ligneuses comprenant une centaine d’espèces dans les régions tempérées chaudes à tropicales de la planète. Certaines deviennent de grandes plantes très vigoureuses.

Leur floraison est généralement spectaculaire, avec des grappes de grosses fleurs en casque arborant des couleurs vives ou très sombres.

L’espèce la plus courante dans nos jardins (sous des climats pas trop rigoureux) est le Mucuna sempervirens. En effet, cette plante tient dehors jusque dans la région de Lyon où elle peut passer des températures de -15°C environ en situation protégée. On trouve parfois quelques autres espèces cultivées dans les serres des jardins botaniques. Mais le genre reste peu courant dans nos collections.

 

Il en existe plusieurs beaux sujets dans les jardins du sud de la France et un bel exemplaire au jardin botanique de Lyon est planté au pied d’un mur. Celui-ci était taillé chaque année à la limite du mur puis il a été décidé de le laisser pousser, pensant que les hivers froids de la région lyonnaise feraient une taille naturelle. Mais la plante ne l’a pas entendu de cette manière et est rapidement partie à l’assaut du gros ginkgo situé à côté. Ses parties aériennes n’ont jamais gelées et il a fallu faire une taille sévère lorsqu’elles dépassèrent largement les 10 m de haut et commençaient à présenter un danger pour l’arbre.

 

Il faudra donc veiller à planter cette espèce sur un support où il sera facilement possible de la maintenir. En effet, elle peut atteindre 25 m !

Nous avons pu nous en rendre compte en mai 2007 lors de notre passage dans la ville de Baoxing dans le Sichuan en Chine.

Des plants poussaient sur un flanc de colline et recouvraient totalement la végétation arbustive et arborée. Ils étaient en fleurs mais quel fouillis !

On retrouve ce mucuna dans plusieurs provinces de Chine entre 300 et 3000 m d’altitude. Le lieu de collecte de graines par exemple déterminera donc fortement la résistance au froid des plants ensuite obtenus. Il pousse également dans l’Himalaya (Bhoutan, Sikkim, nord de l’Inde, Birmanie) et au Japon. Il est utilisé en médecine, pour faire du papier et en extraire de l’huile et de l’amidon.

 

L’espèce a été décrite à partir d’un échantillon sec, envoyé à Kew de Ichang par A. Henry en 1886. L’échantillon était composé de feuilles, gousses mures et jeunes boutons floraux. La même année, il envoya également des graines. Un plant fut planté dans une serre tempérée de Kew et fleurit en août 1903.

En 1895, E. Ludlow, commissaire du Imperial Customs à Ichang, envoya également des graines à Kew.

 

Si cette plante étonne par sa floraison, il faut s’en méfier. Ses inflorescences, rameaux et gousses sont recouverts de petits poils très irritants pour la peau. A la manière de certains poils de cactus.

Plantée sur une pergola, il sera possible de profiter pleinement des fleurs en grappes pendantes tout en les maintenant hors de portée. Son feuillage est persistant.

La plante n’est pas exigeante sur le sol du moment que celui-ci est bien drainant. Un sol même pauvre conviendra. Il faut donc lui prévoir un support, au soleil ou à ombre légère, à l’abri des vents froids. Une protection peut être utile sur les jeunes plants les premiers hivers.  Il sera prudent de porter des gants à chaque intervention sur la plante.

 

 

 

Le genre Betula -les bouleaux - compte environ 50 à 60 espèces réparties en Europe, Asie et Amérique. Le plus connu dans nos jardins est le bouleau blanc d’Europe, Betula pendula (ou Betula verrucosa).

 

L’intérêt des bouleaux réside dans leurs belles écorces très décoratives surtout en hiver. Ils peuvent former de très belles cépées. Ils sont également intéressants au niveau des couleurs en automne et de la rapidité de leur croissance. Ils peuvent aussi s’adapter dans des terrains très humides qui ne conviennent pas à beaucoup d’autres arbres.

 

Les bouleaux peuvent être utilisés en isolé ou en bosquets. Plantés en masse, l’effet décoratif des écorces prend toute sa dimension. Nous avons toujours été impressionnés lors de nos voyages en Asie des lumières qu’offrent les forêts de bouleaux. Je me souviens du mont Fuji au Japon où les troncs blanc pur illuminaient la montagne. Poussant en mélange avec des pruniers à écorces marron, le contraste était saisissant.

Plus récemment, en Corée, les rivières étaient bordées de bouleaux dont les écorces gris-blanc se détachaient en nombreux et fins lambeaux.

 

Betula maximowicziana a une écorce orange pâle à grise, qui pèle par fines bandes. J’aime surtout son feuillage pour ses grandes feuilles cordées et veloutées, très douces au toucher, prenant de belles teintes jaune vif à l’automne. Ses chatons fructifères sont allongés.

Il est endémique du centre et nord du Japon ainsi que du sud des îles Kouriles. Il a été découvert par le botaniste Maximowicz sur l’île de Yezo au nord du Japon (aujourd’hui Hokkaido). Il a ensuite été collecté par le Dr. Mayr dans les montagnes de Nikko sur l’île de Honshu. Il est introduit en Europe en 1888 par J.H. Veitch qui envoya des graines en Angleterre issues d’une collecte à Hokkaido. En 1893, le professeur Sargent donne des graines à Kew qu’il a reçu de « l’Imperial Forest Department of Yezo ».

Le Docteur Shirasawa décrit son bois comme étant dur et il est utilisé au Japon dans la construction ainsi que par les pêcheurs qui s’en servent de torches (faites avec l’écorce) car son bois prend facilement feu même si il est humide.

 

Ses feuilles atteignent 8/14 cm de long et 6/10 cm de large. Les chatons peuvent atteindre 7 cm de long. On le plantera dans tout sol pas trop sec à humide en situation ombragée à ensoleillée dans les régions tempérées. Je trouve intéressant de le planter près d’une allée afin de pouvoir toucher son feuillage velouté.

 

 

 

Les pivoines occupent une bonne place dans les jardins chinois et japonais. Ce sont des plantes cultivées depuis des siècles et qui sont très appréciées également dans nos jardins. Il en existe des centaines de variétés mais les espèces sauvages ne sont qu’une trentaine, réparties en Europe et Asie tempérées, NO. Afrique et Amérique du nord.

 

Le Japon ne compte que 2 espèces de pivoines dans sa flore, Paeonia obovata et P.japonica. Les deux sont des plantes herbacées de sous-bois.

Les japonais ont également crée de nombreux hybrides. Vous pouvez en voir sur le lien suivant. Ce sont des photos que j’ai faites dans le jardin botanique de Ofuna, au Japon, en mai 2008 : http://asianflora.com/Horticulture/liste-paeonia.htm

 

Paeonia japonica est une plante des forêts de montagnes poussant sur les îles de Honshu, Shikoku, Kyushu et Hokkaido. C’est donc une plante pour les situations ombragées, contrairement à beaucoup d’autres pivoines qui préfèrent le soleil. A ce titre, elle est intéressante pour les massifs d’ombre. C’est une petite plante, de 30/50 cm de haut seulement, à croissance peu rapide. En mai-juin, ses tiges portent au sommet des fleurs simples, en coupes, d’un blanc pur éclairant vivement les coins sombres. Elle est proche de sa cousine japonaise qui, elle, a les fleurs roses. La flore du Japon distingue une variété, var.pilosa, à feuilles pubescentes dessous. Les deux variétés poussant ensemble, je ne suis pas sûr qu’elle soit encore reconnue.

 

Nous avons vu cette pivoine pour la première fois dans son habitat en mai 2008 au pied du mont Fuji où elle commençait tout juste à fleurir. Elle y poussait en sous-bois. Cette trouvaille fut presque due au hasard car nous étions sur une route que nous aurions du emprunter en bus. Mais à trop trainer dans les forêts pour y admirer la flore, nous avons raté le dernier bus pour la station de Kawaguchiko. Nous avons donc du redescendre à pieds de la montagne et nous avons trouvé ces pivoines à la nuit tombante. Dans notre jardin, nous la cultivons sans problème depuis plusieurs années en sol pas trop sec, humifère, bien drainé, légèrement acide à neutre, à l’ombre d’un petit érable, où elle s’étend lentement.

Sa floraison étant relativement fugace (2 semaines environ), il est préférable de la planter en mélange avec d’autres plantes d’ombre, des Epimedium ou Polygonatum par exemple.

 

Paeonia japonica a été décrite par Makino en 1898 mais sous la forme d’une variété de P.obovata (P.obovata var.japonica). Mais en 1910, Miyabe & Takeda la renomme au rang d’espèce car elle présente plusieurs différences par ses pétales plus concaves et ses stigmates plus courts. On retrouve souvent dans les vieux herbiers la confusion entre ces deux espèces. On la trouve également parfois confondue avec Paeonia lactiflora dans les jardins Britanniques malgré que les deux plantes soient bien distinctes. On peut également trouver dans le commerce des P.obovata forme blanche qui sont en réalité des P.japonica.

Attention également car on trouve en Grande-Bretagne des Paeonia japonica Hort. (signifiant « de jardin ») qui ne correspondent pas à l’espèce type mais, justement, à des variations ou hybrides de P.lactiflora. Les japonais la nomment ‘Yama-shakuyaka’ ou pivoine des montagnes. Le signalement de cette espèce est Corée, nord-est de la Chine, Sakhaline et sur les îles Kouriles doit être clarifié. Les échantillons collectés en 1885 en Corée par exemple, sont de petites plantes au feuillage juvénile et il est impossible de statuer.

 

On peut multiplier la plante par division ou semis de graines fraiches. A partir de la graine, il faut compter 3 à 4 ans pour la première floraison.

 

 

 

Le genre Carpinus, les charmes ou charmilles, compte une cinquantaine d’espèces en Asie, Europe et Amérique. Notre charme commun, Capinus betulus, est une plante résistante, intéressante pour faire des haies dans les jardins de campagne notamment.

L’intérêt des charmes réside dans la diversité et l’ornement de leurs feuillages. On trouve en Asie une multitude d’espèces tout à fait rustiques chez nous dont les jeunes feuilles sont rouge brillant, de formes allongées, avec des ports très souples. On les observe le plus souvent en sujets isolés dans les jardins mais ils peuvent également constitués de belles haies à condition de trouver suffisamment de plants !

Parmi toutes ces espèces, il en est une qui a quasiment le statut de plante mythique, c’est le Carpinus fangiana. Il faut dire que cette espèce est impressionnante et détient le record, au sein du genre, des feuilles et inflorescences les plus longues. Les feuilles peuvent avoisiner les 30 cm de long et les inflorescences atteindre 50 cm !!

 

Autant dire que lors de mes tout premiers voyages en Asie, ce charme figurait dans ma liste des espèces à voir. Et j’ai du me montrer patient ! Il aura fallu attendre mon 5° voyage en Chine pour enfin le trouver.

Pourtant, durant les précédents voyages, nous avions traversé des régions du Sichuan où il est répertorié mais sans jamais l’apercevoir. C’est donc en mai 2007 que nous avons enfin pu nous rendre compte de la beauté de cet arbre. Ce fut presque par hasard car la vallée perdue et sauvage dans laquelle nous en avons trouvé une forêt n’était pas à notre programme. Nous étions dans le Sichuan, dans la région de Baoxing. Pas de route, pas d’habitations, une zone protégée pour le panda et donc une flore intacte. Pour preuve, ces superbes arbres aux mouchoirs tout en fleurs (Davidia involucrata) de 30 m de haut !

Il y avait donc là, au fond de cette vallée, au bord de la rivière, des dizaines de grands sujets de Carpinus fangiana.

Leurs feuillages étaient en effet très impressionnants. Les inflorescences, bien que déjà grandes, n’étaient pas encore à leur taille maximale (nous étions début mai).

Lors d’une halte dans la petite ville de Baoxing (où séjourna Armand David), nous avons trouvé un plan « touristique » de la région. La carte indiquait surtout les temples, chutes d’eau et panoramas. Quelques petits villages y étaient signalés. Ce sont des points de chute intéressants car on y trouve bien souvent un petit logement et ils sont situés en pleine nature, ou en tout cas proches des forêts. Nous en avons donc choisi un au hasard et pris un taxi qui nous emmena, deux heures durant, à travers une petite route sinueuse de montagne, d’abord goudronnée, puis en terre, jusqu’à un petit pont en bois cassé, donc infranchissable. Nous avons du continuer à pieds. Je pense que c’est la première fois que nous trouvions une vallée aussi préservée. Il y avait bien une petite route qui serpentait le long de la rivière autrefois, mais il n’en reste que des traces et des passages effondrés. Nous ne trouverons jamais le « village » que nous avions repéré sur la carte à Baoxing et nous avons du rebrousser chemin à la nuit tombante pour trouver une chambre chez l’habitant dans un petit village en bas de la vallée. Cette vallée mériterait vraiment une visite approfondie d’autant que nous y avons également observé des plantes de la rare hellébore du Tibet (à venir dans cette série). Une expédition automnale y serait intéressante pour y collecter des graines.

 

L’espèce est dédiée à Wen Pei Fang (1899-1983), un naturaliste né dans le Sichuan qui avait fait son Doctorat à Edimbourg en Ecosse. Il travailla de nombreuses années au département de biologie de l’université de Chengdu dans le Sichuan où il collecta énormément de matériel végétal, notamment dans la région du fameux mont Emei. Il étudia plus particulièrement les arbres et surtout les érables et rhododendrons. Il aurait collecté plus de 20.000 échantillons et découvert plus de 100 nouvelles espèces. Ces nombreuses illustrations furent publiées entre 1942 et 1945 dans Icones Plantarum Omeiensium, imprimé par l’université de Chengdu. Il publia également une révision du genre Acer en 1966 et accompli un gros travail sur les rhododendrons chinois. Il a aussi fortement contribué au premier volume de la Flora Sichuanica en 1981.

 

Les premières collectes de l’espèce ont été réalisées près de la ville de Nanchuan dans le SE. du Sichuan, probablement sur les pentes de la montagne Jinfo, bien connue des botanistes. Il a, depuis, été découvert dans divers endroits du Guizhou, du nord du Guangxi et de l’est du Yunnan. Il n’a été introduit en culture qu’en 1991 à partir de graines collectées par le célèbre Mikinori Ogisu dans le sud du Sichuan à 1750 m dans la région de Shanlengyong (à 270 km au sud de Chengdu).

Une seconde collecte a eu lieu en octobre de la même année par John Simmons, Charles Erskine, Charles Howick et William McNamara dans les montagnes Erlang et un arbre fut planté dans l’arboretum de Kew.

Nous avions traversé le massif des Erlang shan en septembre 2005 lorsque nous nous rendions dans l’ouest du Sichuan à Kangding. Notre bus ne s’y était malheureusement pas arrêté (ah si on pouvait conduire en Chine !) mais la végétation était très dense et riche. Celle-ci devenait plus sèche et clairsemée en redescendant sur la petite ville de Luding. Il n‘est pas surprenant que l’espèce s’y trouve également. Cette route est aujourd’hui bien moins fréquentée depuis l’ouverture d’un tunnel.

 

Dans le jardin, on le plantera dans un endroit clair mais non brûlant, à mi-ombre en sol frais. En sol sec, sa croissance sera moins rapide. Il formera rapidement un grand arbuste ou un petit arbre de plus de 5m de haut. Adulte, on peut espérer qu’il atteigne une dizaine de mètres. Il produira des graines viables si deux pieds sont plantés à proximité. On le trouvera donc le plus souvent en plant greffé dans le commerce. Il reste cependant encore rare dans les pépinières.

 

 

 

Les arbres ou arbustes que l’on appelle communément cognassiers peuvent correspondent à plusieurs espèces et même plusieurs genres. Il y a le cognassier commun (Cydonia oblonga), le cognassier du Japon (Chaenomeles japonica mais aussi C.speciosa et C.cathayensis) et le cognassier de Chine (Pseudocydonia sinensis).

 

Ce dernier donne dans nos jardins un petit arbre très ornemental et utile. Avec le temps, il forme un véritable tronc dont l’écorce se détache par plaques un peu comme un platane ou un lilas des Indes mais nettement plus colorée de brun-gris et jaune. Ses feuilles sont relativement grandes, vert brillant et prennent de belles couleurs à l’automne. Au printemps, il porte de grandes fleurs roses légèrement parfumées. En automne, il porte de gros coings jaunes parfumés. Il n’est pas épineux contrairement au genre Chaenomeles.

 

Le cognassier de Chine compte de nombreux synonymes car il y a souvent eu des confusions avec d’autres espèces. Il a été décrit en 1812 par Thouin à partir d’un arbre cultivé au jardin des plantes de Paris et introduit d’Angleterre ou de Hollande. Il illustra sa description d’une planche en noir & blanc. Lindley fut le premier a publié un véritable article sur cette plante avec une illustration en couleurs, en 1825.

Mais une autre espèce, différente, avait également été introduite de Chine, sous le même nom, et cultivée depuis plusieurs années à Kew Gardens.

Mais la plante de Kew avait des feuilles plus étroites et moins poilues. Il s’agissait en fait de la plante que l’on appelle aujourd’hui Chaenomeles cathayensis et on trouva longtemps la confusion entre les deux espèces dans la littérature sous le nom de Pyrus cathayensis. Donc, attention aux illustrations et légendes dans les vieux périodiques !

En 1899, le directeur de Kew rapporte des fruits mûrs du jardin de Thomas Hanbury à La Mortola qui ont permit d’approfondir les études et la publication de Cydonia cathayensis (maintenant Chaenomeles cathayensis) par Hemsley dans le Icones Plantarum de Hooker. Cydonia cathayensis diffère de C.sinensis par ses feuilles lancéolées et non glanduleuses, par ses grandes stipules, par ses lobes du calice ronds et érigés et par ses fruits plus petits.

Il existe également durant cette période, une grande confusion entre les genres Cydonia (cognassiers) et Pyrus (poiriers) et notamment entre Cydonia sinensis et Pyrus sinensis.

 

A cette époque, Cydonia sinensis est considéré comme une plante peu rustique à réserver aux régions méditerranéennes. La plante a prouvé depuis sa grande résistance au hivers rigoureux et tient jusqu’ –20°C voire en-dessous. Les fruits demandent cependant de la chaleur pour bien arriver à maturité.

 

Aujourd’hui, je trouve qu’il existe encore des confusions. Nous avons donc Pseudocydonia sinensis, appelé autrefois Cydonia sinensis. Tout le monde semble d’accord là-dessus mais la nouvelle flore de Chine le note sous le nom de Chaenomeles chinensis, un ancien nom datant de 1890 !. Il y a également en synonymie Pyrus cathayensis, Pyrus chinensis et Pyrus sinensis. On distingue le genre Pseudocydonia de Chaenomeles par ses tiges non épineuses et ses fleurs solitaires et non en inflorescences.

On trouve aussi en Chine, Chaenomeles cathayensis qui est donc bien une espèce distincte malgré que le nom, non valide, de Pyrus cathayensis soit synonyme du Pseudocydonia.

 

Les chinois le nomme mugua, ce qui signifie « courge ligneuse à peau brillante » et les japonais l’appellent karin qui signifie « poirier à fleurs ».

Son habitat se situe en Chine dans les provinces de Anhui, Fujian, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hebei, Hubei, Jiangsu, Jiangxi, Shaanxi, Shandong et Zhejiang.

Ses énormes coings ne se consomment pas crus mais cuits et donnent d’excellentes compotes ou confitures. Ils sont très agréablement parfumés. Les chinois, japonais et coréens les utilisent en médecine sous forme de sirops.

Il peut être cultivé comme bonsaï.

 

Dans le jardin, on le plantera au soleil ou à ombre légère, dans toute terre de jardin bien drainée. Il supporte bien les sols lourds et calcaires.

Quelques variétés ont été créées comme ‘Dragon Eyes’ à fruits jaunes un peu plus petits et ‘Chino’ à gros fruits vert-blanchâtre.

 

 

 

Le genre Adonis, de la famille des Renonculacées, comprend une trentaine d’espèces herbacées vivaces ou annuelles. Ce sont généralement de petites plantes poussant en montagne.

 

Adonis amurensis est une plante qui fleurit très tôt au jardin, dès mi-février ou début mars. Elle a des racines charnues d’où émergent les nouvelles feuilles et fleurs chaque printemps. Elle ne dépasse guère les 15 cm de haut au moment de la floraison et peut monter jusqu’à 30 cm à la fructification. Au moment de la floraison les feuilles ne sont pas encore totalement développées. Ses feuilles, d’une dizaine de cm environ sont très finement divisées. Ses fleurs comptent environ 10 pétales jaunes. Elles sont bien visibles puisqu’elles surpassent le feuillage qui n’est pas encore déplié.

 

La plante est originaire de l’est de la Russie (région du fleuve Amour, d’où son nom), du Japon, de Corée et du nord-est de la Chine (Jilin, Liaoning, Heilongjiang), dans les forêts et sur les pentes herbeuses. Elle est utilisée en médecine.

Elle a été découverte près des monts Bareya, sur la rive droite du fleuve Amour. Elle a ensuite été trouvée sur l’île de Sakhaline et au nord du Japon à Hokkaido. Elle a d’abord été décrite par Maximowicz sur un spécimen en mauvais état et il s’est avéré qu’il s’agissait en fait d’une variété de A.apennina. Regel & Radde corrigèrent rapidement cette erreur. La plante fut ensuite étudiée de près par Franchet qui fit une publication à son sujet.

On trouve très tôt dans la littérature japonaise des nouvelles variétés à fleurs orange, vertes, découpées ou doubles obtenues par les horticulteurs locaux.

 

On la plantera en situation ombragée et fraiche à pas trop sèche, dans un sol humifère, bien drainant, neutre à acide de préférence. C’est une plante très précoce, intéressante pour avoir des fleurs très tôt en saison sous les arbres ou  dans les massifs d’ombre. Mais il faut l’associer à d’autres plantes car elle disparait pour se mettre au repos assez rapidement (parfois dès le mois de mai). Il ne faut alors pas s’inquiéter, elle ressortira bien au printemps suivant. Une petite étiquette au pied peut être utile pour ne pas l’oublier. On peut l’associer avec des corydales, des trilliums, des arisaemas, des épimèdes...

 

Les japonais sont passionnés par cette plante et les horticulteurs ont crées une multitude de variétés. Celles-ci valent une fortune dans les pépinières. On peut trouver :

‘Sandanzaki’ à fleurs jaunes, doubles, avec le cœur remplit de pétales transformés verts. (on la trouve aussi sous ‘Pleniflora’)

‘Chichibubeni’ et 'Titibushinkou' à fleurs orange

‘Fukujukai’, 'Genshu Fukujuso' et 'Shiun' à fleurs jaunes plus ou moins doubles

‘Chichibushinko’ à grandes fleurs rouge pâle

‘Hanazono’ à fleurs doubles, jaunes, avec le cœur jaune-vert.

‘Hakuju’ à fleurs blanc-crème

 

 

 

Voici un autre genre bien connu dans nos jardins, les fusains. J’aime particulièrement parler des genres qui sont tellement cultivés que nous ne les regardons plus. Il faut dire que pour beaucoup, nous en avons une vision déformée par le fait que nous n’en connaissons qu’une infime partie, et bien souvent, ce ne sont pas les plus belles espèces. Nous aurons l’occasion d’en reparler mais les épines-vinettes (Berberis) ne sont pas avantagées avec le cultivar pourpre plein d’oïdium qui sert à faire des haies très moches aux pieds des immeubles, ce n’est pas mieux pour les spirées, les troënes, les cotoneasters, ou, justement, les fusains avec le fameux fusain du Japon toujours couvert de cochenilles avec ses cultivars à feuilles bariolées que l’on trouve surtout dans les cimetières.

Pourtant, le genre Euonymus compte environ 130 espèces ! Elles ont une large répartition allant de l’Amérique du nord à l’Australie, en passant par l’Europe, Madagascar et l’Asie. Là encore, la Chine est un centre de diversité avec les deux tiers des espèces présentes sur son territoire.

Les fusains présentent beaucoup d’intérêt dans le jardin par leurs couleurs d’automne, leurs floraisons parfois colorées et surtout par leurs généreuses et colorées fructifications automnales.

L’espèce présentée ici a des feuilles persistantes. Nous aurons l’occasion d’en voir d’autres qui, elles, sont caduques. C’est un arbuste intéressant en isolé, pour faire des brise-vue ou pour inclure dans des haies vives et original par ses drôles de fleurs.

Cette espèce fut collectée par Henry dans le Hubei en Chine et décrit ensuite en 1893 par Hemsley à partir de ces échantillons présentant des fleurs et de jeunes fruits. Les échantillons en fleurs provenaient du sud de Patung et les spécimens en fruits de Chienshih. Ce fusain fut ensuite collecté à plusieurs reprises par divers botanistes et les échantillons démontrèrent la grande variabilité au sein de l’espèce.

Sur l’ensemble des échantillons récoltés, certains furent mis à part et ont servit à décrire deux autres nouvelles espèces : E.rosthornii à partir d’échantillons collectés à Nanchuan dans l’est du Sichuan (diffère de E.myrianthus par ses feuilles plus grandes, ses pétioles plus courts, ses anthères plus petites, ses capsules obovoïdes ou étroitement lancéolées) ; et E.sargentianus à partir d’échantillons collectés par Wilson à Wa-shan dans l’ouest du Sichuan (il diffère par ses capsules oblongues-ovoïdes, quelque peu aigues à l’apex, ses pétioles plus courts et plus fins et ses feuilles plus étroites).

Les types d’herbiers de ces trois taxons sont préservés dans l’Herbarium de Kew à Londres et les échantillons sont suffisamment nombreux pour les comparer et conclure que les trois espèces n’en font, en réalité, qu’une seule.

Ces échantillons ont été collectés dans des habitats très variés comme les lieux humides, les fourrés, les lieux frais et boisés, les falaises, les bords de chemins, entre 1000 et 2100 m. Handel-Mazzetti le signale dans des forêts tempérées chaudes sur sol argileux et W. Tsang le décrit comme commun dans les fourrés détrempés sur sol sableux.

Les fruits lisses et anguleux sont une caractéristique de l’espèce parmi les persistantes. Ils sont lisses mais globuleux à lobes arrondis chez E.japonicus ; lisses et presque divisés jusqu’à la base chez E.pendulus ; globuleux et épineux chez E.wilsonii. Nous allons d’ailleurs revenir à cette espèce un peu plus loin.

Euonymus myrianthus se cultive au soleil, à mi-ombre ou même à l’ombre en sol bien drainé. Il supporte les sols pauvres et relativement secs. Le notre est planté sous un chêne centenaire dans du remblais et il supporte sans problème le sol très sec en été mais bien drainant en hiver. Il n’a jamais souffert des hivers froids et son feuillage reste bien vert. Sa croissance n’est pas très rapide mais il forme un bel arbuste à la ramification dense. J’apprécie beaucoup ses fleurs jaune pâle et cireuses.

Dans la nature, il pousse dans les provinces chinoises de Anhui, Fujian, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hubei, Hunan, Jiangxi, Shaanxi, Sichuan, Yunnan et Zhejiang. Elle y est notée commune bien que nous n’ayons jamais eu l’occasion de l’observer. Euonymus lipoensis est également un synonyme.

On trouve parfois dans le commerce une autre espèce chinoise à feuilles persistantes, E.wilsonii. Cette espèce est proche de E.myrianthus. Cependant, il semblerait que toutes les plantes cultivées sous le nom de E.wilsonii en Europe soient fausses et ne seraient, en réalité, que du E.myrianthus. Nous ne disposons que de peu de documentation sur E.wilsonii mais il semble prudent de considérer tous les E.wilsonii cultivés comme étant du myrianthus tant que des vérifications sûres n’auront pas été faites.

 

Le genre Sorbus - les sorbiers - compte une centaine d’espèces dans les régions tempérées à subtropicales d’Asie, Europe et Amérique du nord. Presque la moitié des espèces sont endémiques de Chine.

Ils sont couramment plantés dans les jardins en raison de leur taille modeste, de leurs feuillages prenant de vives couleurs automnales, de leur généreuse floraison et pour leur fructification colorée. On trouve des espèces à feuilles composées (comme notre sorbier des oiseleurs) ou simples. Certains botanistes séparent le genre Sorbus (feuilles composées) du genre Aria (feuilles simples). Ce n’est, à mon sens, pas justifié.

Nous aurons l’occasion de voir des sorbiers à feuilles simples plus tard dans cette série. Celui qui nous intéresse ici a des feuilles composées et se distingue vraiment de ses congénères. On le nomme parfois « sorbier à feuilles de fougère ». En effet, ses feuilles sont finement composées de nombreuses petites folioles donnant un air très gracieux à l’ensemble.

Cette espèce a été collectée pour la première fois par Wilson, en Chine, dans le Sichuan, sur les mont Emei en juin 1904 et dans les forêts à Wa-shan, entre 2000 et 2600 m, en juin et octobre 1908. Les échantillons collectés portent ainsi des fleurs et des fruits.

Le terme latin ‘scalaris’ réfère au mot ‘échelle’, sans doute à cause de l’apparence des feuilles avec leurs nombreuses folioles.

A cette époque (1906), un autre sorbier très proche est décrit par Schneider, Sorbus foliosa var. pluripinnata et placé dans le même groupe, celui des espèces au nombre important de folioles. Ce sorbier avait été collecté dans le Sichuan par Henry, en fruits (donc sans les fleurs). Koehne renomme ce sorbier au rang d’espèce à part entière, Sorbus pluripinnata. Mais déjà, il y a de gros doutes sur l’identité de cette nouvelle espèce que certains considèrent comme vraiment trop proche de S.scalaris. Et en effet, aujourd’hui, les deux sont synonymes.

En 1933, Bean proposa de le transférer dans le genre Pyrus (les poiriers) sous le nom de Pyrus scalaris.

La plante remporta un mérite en 1934 à la Royal Horticultural Society.

Son aire de répartition se limite à l’ouest du Sichuan et au Yunnan dans le sud-ouest de la Chine, où il pousse en forêts entre 1600 et 3000 m.

Dans le jardin, il présente plusieurs intérêts. Il reste un petit arbre peu encombrant de 3/5 m de haut. Il a un port très élégant avec son fin feuillage et ses inflorescences, au printemps, sont très larges. Il se couvre de petits fruits orange en automne. Dans notre jardin, il fait incontestablement partie des plus beaux arbres pour les couleurs d’automne. Il est alors flamboyant.

On le plantera au soleil ou à mi-ombre, dans toute bonne terre de jardin bien drainante. Il n’est pas difficile et ne craint pas les hivers froids.

 

Les hybrides d’Iris germanica, très plantés dans les jardins, ont longtemps fait de l’ombre aux espèces sauvages, certes moins opulentes mais nettement plus raffinées. On recense plus de 220 espèces d’iris originaires de l’hémisphère nord. Il en existe de toutes tailles, formes et couleurs.

Depuis octobre 2010, notre collection est labellisée par le CCVS. Et si certains iris sont relativement courants, d’autres demandent des prouesses pour les découvrir !

C’est le cas de l’iris qui nous intéresse ici. Il est originaire d’une montagne située dans le sud-ouest de la Turquie. C’est une région qui a toujours été bien explorée par les naturalistes et, étrangement, cet iris n’a été décrit qu’en 1982. Il est vrai que d’autres espèces végétales ont été récemment décrites de ces régions mais cet iris est resté longtemps inconnu de part sa situation géographique. En effet, il pousse sur la montagne Honaz, près de la ville de Denizli, dans le sud-ouest du pays. Cette montagne n’est pas le bout du monde, loin de là, mais elle est entièrement interdite d’accès car zone militaire avec une base à son sommet.

Cela explique pourquoi cet iris est resté si longtemps bien caché.

En préparant un voyage dans cette région en avril 2006, j’avais repéré cet iris dans la littérature. J’avais donc bien envie d’aller le voir en fleurs dans son milieu naturel même si la probabilité de tomber dessus était faible. Passant à Denizli sur la fin de notre parcours, le détour par Honaz Dag était indispensable. C’est au pied de la montagne que nous avons vu les barrières et autres panneaux interdisant l’accès et stipulant que nous entrions en zone militaire en cas de franchissement des clôtures. Nous décidons donc de garer la voiture et d’explorer la flore située au bas de celle-ci. Il y avait plein de plantes intéressantes comme des aristoloches herbacées, des tulipes, des corydales, des fritillaires... mais pas d’iris. Le centre de diversité des iris se situe à l’est du pays et non dans cette région où ils sont plus rares. C’était tout de même dommage d’en rester là. On ne va pas passer par ici tous les jours !

Tant pis, on prend le risque et on franchit les barrières avec notre voiture de location. La route montait doucement sur le flanc de la montagne, offrant petit à petit une vue imprenable sur la région. La montagne était déserte. Nous avons suivi la route pendant un bon moment jusqu’aux plaques de neige, non loin du sommet et de la base, où fleurissaient des crocus et des scilles. Je pense que c’est à cet arrêt que nous nous sommes faits repérés...

Etant trop haut pour trouver notre fameux iris, nous redescendons en altitude et faisons un arrêt, au détour d’un virage. Nous cachons le véhicule derrière un bosquet (erreur à ne pas faire si on veut faire croire qu’on n’avait pas vu les panneaux...). Cela ne faisait pas 3 minutes que nous étions descendus de voiture, que plusieurs véhicules remplis de militaires arrivent au galop vers nous.... Nous venions juste de tomber sur une touffe d’iris non fleurie. Pas le temps de réfléchir et tergiverser, avant que les militaires nous arrêtent, j’en glisse un petit morceau dans ma poche. On verra bien mais si j’arrive à le ramener, on en aura le cœur net.

Nous voilà donc remontés dans notre véhicule, avec 2 militaires armés sur la banquette arrière et escortés jusqu’à la base par des camions. Les temps ont certes changés, mais qui a vu le film Midnight Express me comprend...

La suite dura quelques heures, soupçonnant maintenant les militaires d’en avoir profités pour nous flanquer une belle frousse. Passeports, des tas de questions en turque, appareils photos (à cette époque, je faisais encore de la diapositive, il était donc impossible de leur montrer les photos et j’avais peur qu’ils confisquent toutes les pellicules du voyage), coups de téléphone, regards étranges sur mes parts d’herbiers...

C’est étrange comme par moment on ne fait pas son malin !

Nous serons finalement escortés jusqu’au pied de la montagne en espérant ne pas être « fichés » pour notre départ à l’aéroport quelques jours plus tard.

Mais revenons à mon petit bout d’iris dans ma poche. Il a très bien survécu à l’aventure et il trouva rapidement sa place dans la rocaille de notre jardin. Mais son identité restait toujours mystérieuse. A ce stade, pas moyen de le distinguer d’un simple Iris lutescens....

Il fallu attendre 2 ans pour enfin savoir... De hautes tiges dressées émergèrent du feuillage pour déployer de magnifiques fleurs correspondant à tout point à... Iris purpureobractea !

Quelle chance ! et quel bel iris....

Sur sa montagne, il poussait dans un sol très caillouteux et bien drainant. Nous lui avons donc recréé un substrat similaire. L’altitude à laquelle il vit, fait qu’il est tout à fait résistant à nos hivers. C’est une espèce à rhizomes et non à bulbe du groupe Pogoniris. Ses feuilles poussent par touffes serrées et ne dépassent guère les 15/20 cm de haut. En fleurs, par contre, il monte bien plus haut et atteint près de 40 cm environ. Ses fleurs sont blanches à jaune pâle ou bleu pâle et variablement teintées de pourpre. Elles s’épanouissent en avril-mai.

Cet iris a été décrit par B.Mathew & T.Baytop en 1982 dans la revue The Garden où ils notent au moins 3 stations dont certaines ne comportent que des plantes à fleurs jaunes. Le clone que nous avons ramené est à fleurs blanches joliment lavées de pourpre. Un iris à cultiver dans la rocaille ou en auge, dans un substrat bien drainant, même pauvre et caillouteux, en plein soleil.

 


Avec près de 70 espèces dans notre jardin, je me suis toujours dit que les gens devaient nous prendre pour des fous à planter des ronces de partout. Les ronces sont des plantes ligneuses ou herbacées appartenant à la grande famille des Rosacées. Le genre Rubus est largement répandu dans l’hémisphère nord principalement. Ils peuvent former des fourrés épais appelés ronciers et les différentes espèces peuvent adopter un port érigé, retombant, rampant, voire grimpant. C’est un vaste genre comptant entre 700 et 1000 espèces et qui est assez complexe du point de vue taxonomique. On y retrouve donc beaucoup de plantes très épineuses formant des fourrés impénétrables et envahissants, mais pas seulement…

Parmi les centaines d’espèces, on en trouve à feuillages très décoratifs, à belles floraisons, à fruits succulents ou encore d’autres non épineuses. Et ce sont ces espèces qui vont nous intéresser au jadin.

Les fruits, charnus, sont composés de nombreuses petites drupes comestibles et sont appelés mûres à cause de leur ressemblance avec le fruit du mûrier (genre Morus).

Le plus connu est sans doute le framboisier (Rubus idaeus) que l’on retrouve souvent au fond du jardin. Pour le jardin, nous allons donc distinguer les espèces peu ornementales mais aux fruits savoureux et les espèces décoratives que l’on utilisera pour l’ornement des massifs.

Rubus setchuenensis, que l’on appellera la mûre du Sichuan, réunit les deux à la fois : intérêt gustatif et ornemental. C’est une de mes espèces préférées.

Je l’ai vue pour la première fois lors d’un voyage en Chine, sur les pentes du mont Emei dans le Sichuan où elle est abondante, surtout dans les zones déboisées. Ayant regretté de ne pas en avoir ramené, je me mis en quête de cette plante et j’ai pu la trouver dans une pépinière hollandaise. Aimant tout de même bien avoir une origine sur les plantes que je cultive dans notre jardin, j’ai pu, lors de plus récents voyages, en collecter dans la même province.

Dans le jardin, elle étonne à chaque fois les visiteurs. Ses longues branches arquées s’élançant comme un harpon, portent de grosses feuilles arrondies donnant un air très exotique à la plante. Les feuilles prennent de superbes teintes mêlées de jaune, vert et marron à l’automne. Nous avons là l’aspect décoratif. Tout l’été, la plante se couvre de longues inflorescences pendantes très mellifères portant de nombreuses fleurs qui ne sont pas très belles, avouons le. Mais elles sont suivies de nombreuses mûres noires tout à fait savoureuses. On peut les consommer crues ou en faire d’excellentes confitures. Elles arrivent à maturité en septembre, soit bien après les autres espèces. La plante donne généralement de bonnes quantités de fruits. Et pour couronner le tout, ses tiges ne portent pas d’épines rendant la cueillette très agréable et la plante n’est pas envahissante. Elle atteint certes de belles proportions, mais elles ne fait pas de stolons dans le sol. Ce sont ses longues branches arquées qui peuvent s’enraciner lorsqu’elles touchent le sol mais j’ai remarqué que ce n’est pas systématique. La plante peut être utilisée pour tirer une teinture violet-bleu de ses fruits.

Rubus setchuenensis a été décrite en 1891 par Bureau & Franchet. Elle forme un arbuste de 2 à 3 m de haut avec de longues branches vigoureuses tomenteuses et non piquantes. Ses feuilles simples, suborbiculaires ou largement ovales, mesurent 7/15 cm de long et de large, avec 5 à 7 lobes peu profonds. Les feuilles sont vertes mais parfois marquées d’une tache sombre au centre. Les inflorescences sont terminales ou axillaires, de 8/14 cm de long pour les terminales. Les fleurs mesurent 1/1.5 cm de diamètre. Les fruits sont noirs à maturité, de 1 cm de diamètre environ. Fleurs en juillet-août, fruits mûrs en septembre-octobre.

Originaire de Chine (provinces du Guangxi, Guizhou, Hubei, Hunan, Sichuan et Yunnan). Pousse sur les pentes, au bord des forêts et des routes, dans les fourrés, dans les zones déboisées, de 500 à 3000m. Il faut prévoir pour cette plante un grand emplacement. Elle aime le soleil ou la mi-ombre dans un sol ne se desséchant pas trop.

 

La famille des Lauracées comprend un certain nombre des genres intéressants pour les jardins. Outre le fameux laurier-sauce utilisé en cuisine, on y trouve des arbustes ou arbres que l’on plantera pour l’ornement.

Un genre asiatique peu connu et comportant pourtant de très beaux spécimens, est le genre Machilus. Celui-ci a été rattaché au genre Persea -comprenant l’avocatier- en 1962 par Kostermans. La nouvelle flore de Chine conserve encore cependant les deux genres séparés. La raison principale, je pense, de la méconnaissance de ce genre dans nos jardins, est la faible rusticité réservant ces plantes aux jardins à climats doux. Un des plus rustiques est peut être le Persea thunbergii (Machilus thunbergii).

Si l’on considère le genre Machilus, on compte environ 100 espèces originaires des régions chaudes du sud et sud-est de l’Asie avec pas moins de 82 espèces en Chine. On en trouve également quelques-unes au Japon. Ce sont des arbres ou arbustes arborant de beaux feuillages persistants. Les fleurs sont groupées en grandes inflorescences paniculées.

Persea ichangensis est un petit arbre pouvant tout de même dépasser les 10 mètres de haut dans son habitat. Il se caractérise par ses longues et étroites feuilles brillantes. Elles peuvent atteindre 25 cm de long et 2 à 6 cm de large. Au printemps, ses inflorescences apparaissent sur les rameaux de l’année précédente, sous forme de panicules de 5 à 18 cm de long, et portent des fleurs blanches de 5/6 mm. Elles donnent en été des fruits presque globuleux de 1 cm de diamètre. On distingue deux variétés :

la var.ichangensis, avec des jeunes feuilles plus ou moins poilues dessous et des inflorescences de 5/9 cm. Elle est originaire de Chine, dans les provinces du Gansu, Hubei, Shaanxi et Sichuan, sur les pentes des montagnes et dans les forêts, entre 600 et 1400 m.

la var.leiophylla, avec des feuilles glabres et des inflorescences de 11/18 cm. Elle pousse dans les provinces de Guangxi, Guizhou et Hunan, dans les forêts, entre 800 et 1000 m.

L’espèce a été décrite en 1916 et la variété leiophylla en 1921. Elle a été collectée pour la première fois par Henry et par Wilson dans l’ouest de la province de Hubei, en 1901. En 1916, J.S. Gamble qui travaillait sur les Lauracées collectées par Wilson, le confond avec Machilus thunbergii, une espèce japonaise. Cette erreur est vite corrigée par Rehder & Wilson qui décrivent alors Machilus ichangensis. Ichang (Yichang) est une localité située dans le Hubei.

La plante n’est pas très résistante au froid, et on la plantera en extérieur uniquement dans les régions clémentes. Deux beaux spécimens sont signalés à Wakehurst Place dans le Sussex dans les années 1980, poussant en extérieur sans protection, en situation ombragée sur sol acide. Ils sont notés comme fructifiant bien. Je ne sais pas s’ils existent toujours. La photo montre un beau sujet dans l’arboretum de Batsford, au sud de Birmingham.

On le cultivera en situation protégée des vents forts, légèrement ombragée, sur sol riche, plutôt acide et bien drainant. Sa multiplication se fait facilement par semis. On peut également le bouturer mais le taux de reprise est faible.

photo : Maxime et Aurélie Van de Sande.

 

Le genre Rosa -les rosiers- forme un vaste genre qui comprendrait environ 200 espèces dans le monde. Taxonomiquement complexe, ce chiffre peut être très variable d’une publication à une autre. Si l’on considère le chiffre de 200, presque la moitié est présente dans la flore de Chine ! (95 espèces). Et il n’est pas simple de s’y retrouver. Parmi tous ces rosiers, certains ont un intérêt non négligeable pour nos jardins. S’il est vrai que les rosiers botaniques ne sont pas remontants, ils ont une importance dans la décoration du jardin à l’automne par leurs fructifications généreuses et colorées.

Je présenterai quelques espèces dans cette série. Je commence par Rosa setipoda, un rosier à fleurs roses. Mais accrochez-vous, ce qui suit n’est pas simple et démontre toute la difficulté d’identification des rosiers sauvages !

Lors d’une expédition en juin 2004 qui nous fit traverser les provinces chinoises du Gansu et du Sichuan, nous avons visité la région frontalière entre les deux provinces. La ville principale est Songpan. Elle sert de départ pour deux sites très touristiques que sont les terrasses calcaires de Huanglong et Jiuzhaigou. Deux magnifiques lieux à visiter malgré l’affût de touristes. Mais autour de Songpan, on trouve également de petits hameaux tibétains très calmes et pleins de charme, à l’image de Sanlian où nous séjournerons quelques jours. C’est dans cette région que nous collecterons quelques graines de l’année précédente sur un rosier qui n’était pas en fleurs.

Comme cela arrive (trop) souvent, une seule graine a germé. Le plant repiqué et élevé en conteneur a été mis en pleine terre il y a 4 ans où il a commencé à fleurir. Une seule fleur, ce n’était pas suffisant pour faire une détermination sérieuse. L’année suivante, j’ai eu assez de fleurs pour me pencher dessus et déterminer l’espèce.

Rosa setipoda n’est pas une espèce très rare. Elle a été décrite en 1906 par Hemsley & E.H. Wilson. Elle est assez proche de Rosa caudata et les deux espèces ont souvent été confondues dans la littérature. En fait, deux botanistes ont décrits des rosiers sous ce nom. Boulenger en 1936 (nom invalide) alors que Baker avait déjà décrit Rosa caudata en 1914 (espèce valide).

Boulenger a basé ses observations sur un spécimen cultivé à Kew Gardens (n°189). Baker s’est basé sur des plants cultivés dans le fameux jardin de roses de Ellen Willmott à Warley, issus du sud-ouest de la Chine et collectés lors de la 3° expédition de Wilson. Mais sa brève description ne s’accorde pas tout à fait avec les spécimens d’herbier existants et Boulenger en a probablement déduit que le type original n’avait pas été préservé. Il existe néanmoins des spécimens d’herbier à Kew issus de Warley et datés de 1912 et annotés « Rosa caudata » par Baker.

Quand il a étudié Rosa caudata en février 1936, Boulenger s’est penché sur tous les spécimens de Kew portant ce nom, au total six échantillons, incluant les trois de Warley dont le premier a été redéterminé comme étant Rosa setipoda. Le second échantillon ne porte pas de numéro de collecte de Wilson et Boulenger l’identifie comme étant Rosa hemsleyana. C’est le seul échantillon noté « n. sp. » (= nouvelle espèce). Cet échantillon est donc désigné comme étant le lectotype* de Rosa caudata, à l’époque synonyme de R.hemsleyana. Le troisième spécimen n’est pas mentionné par Boulenger, en tout cas pas sous le nom de R.caudata. C’est le numéro 204 de Wilson et, d’après une annotation de Rolfe, il s’agirait de R.banksiopsis (également une espèce du même groupe). En plus du numéro 306 de Wilson, Boulenger étudia également le numéro 4418, identifié sous le nom de R.webbiana ainsi qu’un échantillon mal préservé de Purdom (965) collecté dans le Shaanxi en Chine qu’il rapprocha de R.setipoda.

La question qui se pose alors est de savoir à quelle espèce correspond le Rosa caudata décrit par Boulenger. L’échantillon ayant servit à sa description n’a pas d’origine connue et correspondrait en fait à une forme non typique de Rosa setipoda (illustrée dans le Curtis’s Botanical Magazine en 1981). La planche botanique parue dans la même revue en 1914 sous le nom de Rosa setipoda correspondrait en réalité à R.caudata.

Pourtant, j’ai personnellement encore des doutes puisque, un des critères pour les différencier, est la forme des sépales : entiers chez R.caudata et découpés chez R.setipoda. Or, c’est tout à fait le contraire sur les planches du Curtis’s.....

Depuis, les choses ont évoluées et si Rosa caudata est toujours une espèce bien valide, Rosa hemsleyana est maintenant mis en synonymie de Rosa setipoda (et non plus de R.caudata).

Quoiqu’il en soit, et si nous pouvons encore avoir des doutes sur les anciennes planches botaniques, Rosa setipoda est un arbuste de 1.5 à 2.5 m de haut environ en culture, originaire des provinces du Sichuan et Hubei, où il pousse dans les fourrés et sur les pentes, entre 1800 et 2600 m. d’altitude.

C’est un rosier intéressant au jardin à plus d’un titre. Il reste de taille modeste par rapport à beaucoup d’autres et ses jeunes tiges portent de larges épines rouges très décoratives, un peu comme le Rosa sericea f.pteracantha. Au mois de mai, il se couvre d’une multitude de fleurs simples, rose clair, très décoratives sur ses rameaux arqués. En automne, il fait partie des espèces décoratives au moment de la fructification. Ses fruits allongés sont en effet orange avant de virer au rouge foncé. Ceci est particulièrement décoratif lorsque ceux-ci sont recouverts par les premières neiges de l’hiver.

Sa culture ne pose pas de difficultés et il s’accommodera d’une situation ensoleillée ou à ombre légère dans toute bonne terre de jardin ni trop sèche ni trop humide. Il ne craint pas les hivers rigoureux.

* : Le lectotype est le spécimen qui devient le type nomenclatural en absence d'holotype (le type original, explicitement désigné par l'auteur du nom dans la publication originale) lors de la publication d'origine.

 

Le genre Isodon comprend plantes vivaces de la famille des labiées, fleurissant en automne. Il y a peu, ces plantes étaient encore relativement méconnues des jardins mais depuis, certaines espèces ont fait leur entrée chez les pépiniéristes. Toutes ne sont pas extraordinaires mais I.longitubus a de grandes fleurs apparaissant sur ses longues branches arquées, I.kameba a une feuillage très original et I.japonica est une très grande plante. L’intérêt de ces vivaces réside principalement dans leur floraison tardive (octobre). Il y a une autre espèce, originaire de Corée, de Chine et de Russie, qui reste peu connue, il s’agit de Isodon serra. Cette plante, en fleurs tout l’automne, produit des fleurs assez petites mais dans une telle profusion que le spectacle ne peut passer inaperçu. Ceci est également renforcé par la taille des inflorescences, car la plante atteint facilement les 2.5m de haut à la floraison.

Avec une telle taille, il faut bien sûr lui prévoir un tuteurage car, surtout par temps de pluie, les tiges ont tendance à se coucher. L’autre solution, celle que j’ai personnellement choisie, est de les planter au pied d’un petit arbre ou grand arbuste qui sert de « tuteur » naturel. C’est ainsi qu’en cette saison, j’ai un érable et un Lindera qui ont l’air d’être couverts de fleurs.

Isodon serra a d’abord été décrit dans le genre Plectranthus sous le nom de Plectranthus serra par Maximowicz en 1875. Ce n’est qu’en 1929 que Kudo transfère la plante dans le genre Isodon. Encore plus récemment, en 1972, Hara passe la plante dans le genre Rabdosia. Nemoto la classa même dans le genre Amethystanthus. Ce tour de passe-passe est courant dans les Plectranthus de l’est de l’Asie et on ne sait jamais bien à quel genre les attribuer. En tout cas, le genre retenu dans les flores asiatiques pour l’espèce qui nous intéresse ici est Isodon.

La culture de cette espèce ne pose pas de problème. Un emplacement à mi-ombre ou au soleil non brulant dans toute bonne terre de jardin, pas trop sèche, fera très bien l’affaire. La plante disparaît en hiver et les nouvelles tiges ressortent au printemps suivant.

C’est une espèce très utilisée dans la médecine chinoise et de nombreuses études sont réalisées sur cette plante.

Isodon serra est une herbacée vivace à tiges érigées de 1.5 à 2.5 m de haut. Ses feuilles sont ovales à ovales-lancéolées, de 3.5/10 cm de long et 1.5/4.5 cm de large. Ses panicules sont lâches, terminales, composées de cymes pédonculées. La corolle est pourpre, jusqu’à 6 mm, en septembre-octobre.


origine : Corée, Russie (Oussouri), Chine (Anhui, Gansu, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Heilongjiang, Henan, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Jilin, Liaoning, Shaanxi, Shanxi, Sichuan, Zhejiang), Taiwan (d’après Flora of China car la plante ne figure pas dans Flora of Taiwan), sur les collines, au bord des rivières, dans les fourrés et les forêts, dans les lieux sableux, à 100/1200 m.

 

 

Le nombre d’espèces de clématites est impressionnant et l’Asie en recèle une bonne majorité. Si on peut en observer un grand nombre en fleurs au printemps, un nombre non négligeable d’espèces fleurissent en automne et même en hiver.

C’est le cas de celle qui nous intéresse ici. Lors d’un voyage dans l’ouest du Sichuan en septembre 2005, nous avons séjourné dans la région de Kangding, petite ville située au pied des montagnes. Un petit téléphérique permet d’atteindre un temple au sommet de la montagne Paoma. N’étant pas très haute, il est plaisant de redescendre à pied, le long du sentier tortueux, le long de la végétation. C’est près du sommet, dans une végétation arbustive et arborée que nous avons vu cette clématite en pleine floraison. La plante était couverte de petites clochettes pendantes et jaune pâle. Il était intéressant d’y noter leur parfum car nombre de clones en culture dans nos jardins non pas ce caractère.

L’espèce a d’ailleurs découverte dans ce lieu, en 1898 par le missionnaire français Aubert qui était basé à Kangding (Tatsienlu à l’époque) et qui en envoya des graines au Museum d’Histoire Naturelle de Paris. Des plants florifères furent obtenus dans l’année et son potentiel ornemental fut rapidement remarqué. En 1900, Bois décrit et illustre la plante sous le nom de Clematis buchananiana var.vitifolia, une variété qui avait été décrite de l’Himalaya. Cinq ans plus tard, L. Henry publie un article dans la revue horticole sous ce même nom. En 1904, cette clématite est introduite en Angleterre depuis la France par Bean à Kew Gardens. Bean n’est pas d’accord avec le nom qui lui a été donné et la nomme Clematis nutans, une autre espèce déjà connue de l’Himalaya. C’est sous ce nom qu’il publia une note dans le Kew Bulletin de 1910. Durant la même période, la plante est réintroduite par Wilson de la même localité chinoise et, en 1913, Rehder & Wilson la décrive comme une variété de Clematis nutansC.nutans var.thyrsoidea. Mais seulement un an plus tard, Craib, qui n’était pas de cet avis, publie une nouvelle espèce, Clematis rehderiana. Ouf ! vous avez suivi ?

Mais ce n’est pas tout. En publiant cette espèce, Craib en publie une seconde sous le nom de Clematis veitchiana. Cette espèce n’est aujourd’hui plus considérée comme valide mais synonyme de... Clematis rehderiana ! A l ‘époque déjà, Rehder & Wilson ont des doutes sur l’identité de cette C.veitchiana et estime qu’il ne s’agit que d’une forme extrême de C.nutans var.thyrsoidea (également synonyme aujourd’hui de C.rehderiana). Il faut dire que C.rehderiana est une plante variable dans la forme de ses folioles, dans la taille de ses bractées et dans la pubescence de ses sépales.

Plus récemment, en 1963, Kuan & Wang ont collecté de nombreuses variantes dans la même région. En 2005, nous collections des graines dont les plantes issues sont cultivées dans notre jardin.

Il est intéressant de noter que les plantes du Sichuan ont des sépales glabres et que celles du Yunnan ont les sépales pubescents. Les variations morphologiques de cette clématite expliquent pourquoi on trouve cette plante sous plusieurs noms dans la littérature.

Le 15 septembre 1936, Mr. E. Markham l’exposa à la Royal Horticultural Society et obtenu un mérite.

Dans la nature, on la retrouve dans les fourrés, au bord des rivières et dans les haies, entre 2200 et 3200 m d’altitude, dans l’ouest du Sichuan, le sud du Qinghai, l’est du Tibet et le nord-ouest du Yunnan où j’avais déjà eu l’occasion de l’observer au nord de Lijiang en 1999.

Dans le jardin, elle se montre tout à fait résistante aux hivers rigoureux. Elle apprécie un emplacement au soleil ou à mi-ombre, à l’abri des vents violents. Comme toutes les clématites, elle craint les sols trop humides et mal drainés en hiver. Assez vigoureuse, il faudra lui prévoir un support de 3 à 4 m minimum sachant qu’elle peut dépasser les 5 m si on ne la taille pas. Elle ne craint pas un sol raisonnablement calcaire. Elle mettre un ou deux ans pour s’installer mais une fois partie, elle fleurit généreusement chaque année.

 

 

 

 

 

 

Parmi, les plantes chinoises, il y a les très communes dans nos jardins, les très rares non encore introduites et puis, étrangement, il y a celles introduites depuis longtemps, possédant des qualités ornementales indéniables, et qui restent pourtant largement méconnues. Le Poliothyrsis sinensis en fait partie. Et quelle injustice !

Imaginez un petit arbre pouvant trouver sa place même dans les petits jardins, tout à fait rustique, dont les jeunes feuilles sont d’abord rouges, dont la floraison en grandes panicules blanches et parfumées sont décoratives et, enfin, dont le feuillage se pare de belles couleurs en automne.... Le Poliothyrsis est tout ça à la fois.

Il est originaire de Chine dans les provinces de Anhui, Fujian, S.Gansu, Guangdong, Guizhou, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, S.Shaanxi, Sichuan, NE.Yunnan et Zhejiang, on le trouve dans les forêts mixtes, sur les pentes ou au pied des montagnes, entre 400 et 1500 m.

Le genre Poliothyrsis a été décrit par Oliver dans « Hooker’s Icon. Pl. 19: t. 1885 » en 1889. Il y décrit aussi la première espèce du genre, classée dans la famille des Flacourtiacées. La plante est alors connue de la province de Hupeh (Hubei) dans les districts de Hsingshan, Changyang et Fang ainsi que la province du Szechwan (Sichuan) dans le district de Wushan.

Oliver situe ce nouveau genre comme très proche de Idesia et n’écarte pas l’idée que Poliothyrsis y soit un jour inclus. Le genre contient deux autres espèces originaires des Célèbes.

Dans les années 1960, C.Jeffrey écrit : « la famille des Flacourtiaceae contient peu d’espèces poussant dans les régions tempérées et sont par conséquent très peu connues des jardiniers dans nos pays. »

L’espèce a été décrite à partir de matériel envoyé par Augustine Henry à Kew Gardens sur des échantillons prélevés dans les provinces du Sichuan et de l’Hubei.

Poliothyrsis sinensis a été introduit en culture en 1908, quand des graines collectées par E.H. Wilson furent distribuées depuis l’Arnold Arboretum. Une planche botanique publiée dans le Curtis’s Botanical Magazine dans les années 1960 a été réalisée à partir d’un sujet issu de cette première introduction. La plante a été présentée le 30 août 1960 à la Royal Horticultural Society et a obtenue un mérite.

Rustique, sa culture ne pose aucun problème. Il s’accommode du soleil comme de la mi-ombre et une terre de jardin ordinaire lui convient. Sa croissance est rapide. J’ai semé cet arbre dont les graines ont germées sans difficulté et, 5 ans plus tard, les plants font déjà 4 m de haut et fleurissent. Il est particulièrement intéressant lors de sa floraison estivale qui distille un agréable parfum au jardin.

En 1994, S.S. Lai décrit une forme, f.subglabra. (Bull. Bot. Res., Harbin 14: 228, 1994). Mais cette description n’est pas valide car 3 spécimens sont cités comme types (S.S. Lai 7001, H.L. Zhang & Y.R. Zeng 27133, et S.S. Lai 062)

 

 

La famille des Calycanthacées est constituée de quelques espèces d’arbustes ou arbres comprenant les genres Calycanthus (Amérique du nord, 2 espèces), Chimonanthus (E.Asie, 4 espèces) et Idiospermum (arbre australien, 1 espèce).

Un autre genre, de Chine, a été décrit, le Sinocalycanthus. Il ne comprend qu’une seule espèce. Les avis divergent sur le maintient de ce genre ou son incorporation au sein du genre Calycanthus. Actuellement, le nom de Sinocalycanthus semble reconnu (Kubitzki, Kew Garden) malgré que celui-ci ai été republié en 2000 sous le nom de Calycanthus. Si l’on garde le nom de Sinocalycanthus, ce genre ne contient qu’une espèce : Sinocalycanthus chinensis Cheng & S.Y. Chang décrit dans Acta Phytotax. Sin. 9(2):135, fig. 9 (1964)

La plante a été publiée une première fois sous le nom de Calycanthus chinensis Cheng & S.Y. Chang dans Sci. Silv. Sin. 8(1):2 (1963), mais cette description est non valide car il y aurait deux types. L’année suivante, en 1964, le taxon est repris sous le nom de Sinocalycanthus chinensis. C’est sous ce nom que nous trouvons aujourd’hui cette plante dans les jardins.

En 2000 pourtant, dans le Journ. South China Agr. Univ. 21(4):60 (2000), la plante repasse sous Calycanthus chinensis (Cheng & S.Y. Chang) P.T. Li.

Le Sinocalycanthus est un arbuste de 1 à 3 m de haut tout à fait original et ornemental pour la culture au jardin. Il a une croissance rapide et se montre tout à fait rustique en plaine. Chaque printemps, il déploie des grandes feuilles largement ovales suivies de superbes fleurs blanc et jaune très originales et décoratives. Il fleurit bien tous les ans et fructifie abondamment, donnant des graines viables. C’est une plante idéale pour le jardin qui mérite d’être plus répandue.

Description :

Arbuste caduc de 1 à 3 m de haut ; écorce glauque ou marron-grisâtre avec des lenticelles convexes ; rameaux opposés, glabres ou pubérulents quand ils sont jeunes. Pétioles de 12/18 mm de long, jaunâtres, hispides puis glabres. Feuilles papyracées, largement ovales-elliptiques, ovales ou obovales, de 11/27 cm de long et 8/16 cm de large, aigues, bords entiers ou irrégulièrement serrulés, glabres dessus, hispides puis glabres dessous. Fleurs solitaires, terminales, de 4.5/7 cm de diamètre; pédicelles de 2/4.5 cm de long ; 5/7 bractées caduques. Tépales disposés en spirale sur un réceptacle en coupe ou urcéolé. 12/14 tépales externes, obovales, de 14/36 mm de long et 12/26 mm de large, blancs, pourpre clair sur les bords ; tépales internes érigés, elliptiques, avec l’apex incurvé, de 11/17 mm de long et 9/13 mm de large, jaune pâle. 18/20 étamines, de 7/8 mm de long, filaments de 1 mm de long environ, pubérulents ; anthères linéaires et pubescentes ; style filiforme. Fruits campanulés et rétrécis à l’apex, de 3/4.5 cm de long et 1.5/3 cm de large, pubescents, contenant 6 à 16 graines ellipsoïdes, de 10/15 mm de long et 5/8 mm de large, avec des poils soyeux. Fleurs en mai, fruits en octobre.

Distribution :

Chine : endémique de la province de Zhejiang.

Cet arbuste est noté comme Vulnérable dans le « China Red Data Book ». En effet sa distribution est très limitée et son habitat régresse. Il a été découvert au début des années 60. Il pousse dans des forêts sempervirentes ou mixtes dans 3 localités seulement. Son habitat décline du fait de la destruction de la végétation. Cette espèce régresse également car il est coupé pour faire du bois de feu.

Arbuste endémique de la province du Zhejiang où il a été découvert entre Chayuanyuan à Longmenkeng à Shunxiwu dans l’Ouest de la région de Lin’an et sur la montagne Dalei à l’Est de la région de Tiantai. Il a été ensuite découvert à Kuliwan, sur la montagne de Daming et Qianmutian également dans l’Ouest de la région de Tiantai. On le rencontre parmi les arbustes sur les pentes et dans les forêts sempervirentes ou mixtes dans les vallées dominées par Castanopsis eyrei, Schima superba et Cyclocarya paliurus entre 600 et 1100 m d’altitude. La région d’origine subit un climat frais et humide avec une température annuelle moyenne de 12°C (moyenne de 2.7°C en janvier, minimum -13°C et maximum +35°C). Les précipitations annuelles sont de 1400/1600 mm environ, l’hygrométrie ne descend pas en-dessous de 80%, et il y a en moyenne 215 jours / an sans gelées. Le sol est profond et de pH 4.7 à 5.1.

Le Sinocalycanthus préfère pousser sous une ombre légère et n’aime pas le plein soleil. Il est noté comme n’aimant pas les sols trop secs mais mes plants ont bien résistés lors des derniers étés. Sans doute parce qu’ils sont bien implantés dans un sol riche et profond. L’arbuste ne fait l’objet d’aucune mesure de protection en Chine mais des demandes ont été formulées au gouvernement local de Lin’an et Tiantai d’établir des zones de protection à Shunxiwu et sur les montagnes Dalei et Daming.

La multiplication se fait aisément par semis. Semer en automne pour une germination au printemps suivant. Le taux de germination est supérieur à 80% et le taux de plantes passant le cap de la germination est supérieur à 60%. Une plante germée atteint 10 à 20 cm la première année. La pousse annuelle est ensuite de 30 à 50 cm environ. La multiplication par bouture est également envisageable mais je ne l’ai encore jamais pratiquée sur ce taxon.

 

Lorsque nous faisons visiter notre jardin, je trouve toujours amusant de s’arrêter sur des plantes qui ne ressemblent pas au genre auquel elles appartiennent. Il y a l’érable à feuilles de catalpa, celui à feuilles de cannelier, le Schizophragma à feuilles de noisetier, le cyclamen à feuilles de lierre, le Tetradium à feuilles de frêne et l’érable à feuilles de charme.

Quand il ne porte pas ses fruits, c’est la confusion assurée. A la question « pouvez-vous me donner un nom de genre pour ce petit arbre ? », les réponses sont un charme, un Prunus ou même un chêne. Cet érable a donc bien été nommé puisque son nom signifie « à feuilles de charme ». Il rappelle d’ailleurs le feuillage du charme du Japon. Il y a un bon moyen de le distinguer d’un Carpinus : il a les feuilles opposées (alternes chez le charme).

Celles-ci sont simples, dentées, oblongues-oblancéolées et pointues. Elles prennent de belles teintes jaunes à l’automne.

Acer carpinifolium a été décrit par Siebold & Zuccarini en 1845. Il est endémique du Japon où il pousse dans les forêts caduques et tempérées des montagnes sur les îles de Honshu, Shikoku et Kyushu, jusqu’à l’étage subalpin. On le trouve souvent en compagnie de Fraxinus spaethiana et Pterocarya rhoifolia. Nous avons pu en observer en 2010 dans la région de Nikko dans le centre de Honshu, le long d’une rivière en forêt. Dans son habitat, il peut atteindre 8 à 10 m de haut environ mais il restera un petit arbre dans nos jardins. On peut voir deux beaux sujets âgés au jardin botanique de Lyon qui mesurent environ 5 m de haut et de large. Il y en a également un beau sujet au parc floral de Vincennes. Il est rustique jusqu’en zone 3. Il a été introduit en culture en 1879 aux pépinières Veitch par Charles Maries.

Cet érable a un port très ramifié et arrondi. Il est adapté aux petits jardins et sa croissance est assez lente. Dans son habitat, il pousse dans des terres acides à neutres, riches, fraiches et bien drainées, mais il se contente de terres plus lourdes et plus médiocres en culture.

Il est dioïque, il faut donc planter un pied mâle et un pied femelle pour obtenir des graines viables. Mais pour l’utilisation strictement ornementale au jardin, un seul plant suffit. Il est vraiment intéressant car unique dans le genre Acer, peu encombrant et très résistant au froid.

On peut trouver dans le commerce une sélection des pépinières Esveld (1978) appelée ‘Esveld Select’ qui a des feuilles plus dentées et qui reste plus petit et compact. Il atteint environ 2 m en 20 ans.

 

Originaire du Japon, de Chine (Anhui, Gansu, Guangxi, Hebei, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Jilin, Qinghai, Shaanxi, Shandong, Shanxi, Sichuan et Zhejiang), du Tibet, de Mandchourie et de Corée, ce lys est également connu sous le nom de Lilium tigrinum Ker-Gawl. ou lys tigre.

Il est cultivé depuis des temps ancestraux en Chine, en Corée et au Japon comme plante alimentaire (le bulbe est consommé et aurait le goût de la pomme de terre) et médicinale. Loureiro, au 19° siècle, le signale également en culture à Canton et le nomme pomponicum.

Il n’a été introduit en Europe qu’en 1804, à Kew Gardens, par Mr. William Ker qui envoya des bulbes de Canton. Redouté en réalisa deux planches, l’une représentant une fleur en 1813 et une autre représentant une inflorescence complète en 1816.

Ce lys est mentionné pour la première fois –sous le nom de L.tigrinum- dans les travaux de Kaempfer, qui fut, de 1690 à 1692, attaché comme docteur à la mission hollandaise sur l’île de Dejima au Japon (île artificielle construite en 1634 dans la baie de Nagasaki). Il est également mentionné par Thunberg en 1794 sous le nom de L.lancifolium mais il fit une confusion avec L.bulbiferum. Cependant, le nom de L.lancifolium a été ressuscité, malgré cette ambiguïté, et est retenu dans la plupart des flores contemporaines. Le nom donné par Thunberg est prioritaire car le nom de tigrinum n’a pas été publié avant 1810. Toute la question est de savoir si sa description peut être considérée comme valide pour retenir ce nom. C’est pour cela que ce lys est plus connu sous le nom de L.tigrinum.

Découvert au Japon, ce lys fut ensuite trouvé par Wilson dans les montagnes du centre-ouest de la Corée. Il trouva sur l’île de Dagalet (aujourd’hui Ullung-do) une variété à tiges laineuses nommée var.fortunei. Baranova trouva la plante dans la région de Vladivostock, au sud de Sakhaline et sur les îles Kouriles. Il est noté que ce lys est mésophyte et préfère les vallées de rivières où il pousse parmi une végétation mixte en sol alluvionnaire riche en humus.

La plupart des formes cultivées de ce lys sont auto-stériles. Cependant, les plants produisent des bulbilles à l’aisselle des feuilles rendant ainsi aisée sa multiplication.

C’est une espèce de culture très facile, ne craignant pas le plein soleil ni les sols calcaires. Le problème est que la plupart des bulbes que l’on trouve dans le commerce sont infectés par un virus que ne semble pas affecté sa croissance mais qui est transmis par les insectes aux autres lys qui pourraient être également présents dans votre jardin. Notre plant a été semé à partir de graines collectées dans les montagnes du Japon afin de ne pas subir ce désagrément.

Les hollandais tentent de produire des bulbes exempts de ce virus et de bons résultats sont obtenus avec la var.splendens principalement. Le professeur Schenk, directeur de la Lisse Bulb Research Station, note en 1969, que la var.splendens est sensible au virus de la mosaïque et du tabac. Les symptômes se traduisent par des taches nécrotiques sur les feuilles.

3 variétés sont reconnues :

var.fortunei qui se distingue par ses tiges laineuses. C’est une plante vigoureuse qui peut atteindre 2 m de haut avec des tiges pouvant porter jusqu’à 40 fleurs orange-saumon. Elle a été découverte sur l’île de Ullung-do au large de la Corée. Wilson a découvert cette plante sur les falaises en bord de mer où elle pousse dans des poches où s’accumule l’humus. Cette variété fleurit plus tard, vers la mi-septembre. Répartition : île Ullung-do au large de la Corée et du Japon, Chine (monts Lushan)

var.splendens qui se distingue par ses fleurs plus grandes, fortement tachetées, orange-rougeâtre vif contrastant avec les tiges noires et les bulbilles foncées et brillantes. Un bulbe a été repéré dans un envoi de H.Linden depuis le Japon pour Bruxelles en 1867. Leichtlin l’a cultivé et divisé afin d’en créer un stock important. Ces bulbes ont été commercialisés par Van Houtte, alors pépiniériste à Gand.

var.flaviflorum se distingue par ses fleurs jaunes qui sont également tachetées (voir photo). Cette variété a été découverte et décrite par Makino en 1933. Répartition : Japon (Kyushu, île Tsushima)

Lilium lancifolium a plusieurs fois servit pour l’hybridation. ‘Cardinal’ a été obtenu en le croisant avec L.amabile. Il a également été beaucoup hybridé avec L.bulbiferum, L.davidii, L.leichtlinii, L.maculatum, L. x umbellatum et L. x hollandicum pour obtenir, notamment, le spectaculaire ‘Enchantment’. La var.flaviflorum a servit pour obtenir de nombreux hybrides à fleurs jaunes et tigrées tels que ‘David Bowes Lyon’ et ‘Frederick Stern’. De nombreuses formes et hybrides avaient été présentés en 1969 en Hollande lors de la International Lily Conference.

Une variété à fleurs doubles, ‘Flore Pleno’ fait sensation au 19° siècle. Elle a été introduite du Japon en 1870 par M. le comte de Montebello au jardin d’acclimatation.

 

L’arbre aux mouchoirs. Quel beau nom…et quel bel arbre !

Voici une espèce qui ne passe pas inaperçue lors de sa floraison. Pourtant, comme le bougainviller par exemple, ce ne sont pas ses fleurs qui sont décoratives mais les bractées qui les entourent. Chez le Davidia, elles sont grandes, blanches et ressemblent à des mouchoirs en papier. Certains l’appellent également « arbre aux pochettes » ou « arbre aux fantômes ».

Cet arbre est dédié au Père Armand David (1826-1900) qui étudia la vie sauvage en Chine durant plusieurs années où il découvrit de nombreuses plantes ainsi que le fameux panda géant dans la région de Baoxing dans le Sichuan. C’est lui qui découvrit cet arbre et envoya les premiers échantillons en 1869 par l’intermédiaire du Professeur Baillon. Notre dernière expédition a suivie ses traces et un article à son sujet et sur la région de Baoxing est paru en français dans la revue Hommes & Plantes N°65 et en anglais dans la revue Arnoldia 67(2). Nous y avons d’ailleurs observé plusieurs pieds en fleurs (début mai 2007). Le père David écrit dans ses notes à propos du Davidia : « arbre de 20 mètres, dressé, beau ».

L’arbre est une première fois illustré dans l’ouvrage de Franchet « Plantae Davidianae » en 1888 mais avec des inflorescences et bractées dressées et les feuilles étalées (au lieu de pendantes).

Le premier planté en France l'a été à l'arboretum des Barres. En 1912, le Curti’s Botanical Magazine écrit : «  Davidia est certainement la plus excitante nouveauté découverte dans l’ouest de la Chine ». Les premiers spécimens arrivés à Kew en 1889 avaient été collectés par Mr. A. Henry. L’introduction de l’arbre en culture date de 1897 avec l’envoi de graines collectées par le père Farges à destination de Mrs. Vilmorin. De ce lot, une seule graine germera deux ans plus tard. Farges envoie un second lot de graines en 1898 puis, en 1903, E.H. Wilson envoie lui aussi des graines à Veitch & Sons d’où est obtenu un grand lot de plantes. Wilson récolte également des échantillons en 1903 dans l’ouest de la Chine vers 2000 m d’altitude (n°3702, Herb. Mus. Paris). Le premier arbre à fleurir en culture était issu du premier lot de graines de 1897. Cette floraison a eu lieu en 1906 à l’Arboretum des Barres en France et fût illustré dans le Gardener’s Chronicle le 2 juin de cette même année (je vous ai même retrouvée la photo, voir la planche des illustrations).

Les arbres dans la pépinière Veitch à Coombe Wood fleurirent la première fois en 1911 et furent également illustrés dans Gardener’s Chronicle cette même année.

Une variante est alors observée sur les plantes de la pépinière de Veitch. Certains plants ont des feuilles vert pâle et lisses ou presque et d’autres avec les feuilles suffusées de rouge et poilues dessous. M. Dode, de Paris, considère alors qu’il y a trois espèces, D.involucrata, D.vilmorinii en hommage à Maurice de Vilmorin et D.laeta (voir classification actuelle plus loin dans le texte). Au contraire, Hemsley, Vilmorin et Wilson considèrent que ces variantes représentent tout au plus des variétés.

Voici comment Dode différentie les 3 espèces dans la revue horticole de 1908 :

  • Feuilles soyeuses en dessous : Davidia involucrata
  • Feuilles glabres et glauques en dessous : D.vilmoriniana

  • Feuilles glabres et vert-jaunâtre en dessous : D.laeta

Dode note en effet une différence selon les échantillons récoltés dans la nature :

Les échantillons de Wilson et Ducloux ont des bractées plus elliptiques, en général moins larges au sommet, plus teintées, avec des nervures plus marquées, plus foncées. Les jeunes fruits sont plus allongés et à style plus fort et plus persistant, le noyau est plus étroit (échantillons Ducloux). Les pétioles sont rouges et les bourgeons sont colorés par place (échantillons Wilson & Ducloux). La marge des feuilles est plus ou moins marquée de rouge (échantillons Ducloux).

Dode place également Davidia tibetana en synonymie de D.involucrata. D.tibetana avait été décrit du Tibet par David en 1883.

Dode classe les échantillons de Henry sous D.vilmoriniana, illustré dans Hooker’s Icones Plantarum en 1891 (voir illustrations). Sur son échantillon, Henry a marqué : « seul arbre vu en 6 mois d’expédition ».

Du coup, D.vilmoriniana est la première « espèce » introduite en culture. Le lot de plantes cultivées dans les pépinières Veitch et issues des graines envoyées en 1903 par Wilson sont classées sous D.laeta.

Aujourd’hui, seule une espèce est reconnue – Davidia involucrata – avec une variété, la var.vilmoriniana.

L’illustration parue dans le Curti’s Bot. Mag. De 1912 a été faite d’après l’arbre en fleurs à l’Arboretum des Barres.

Le Davidia appartient à la famille des Cornacées, Davidiacées ou Nyssacées. C’est au choix ! En effet, il a tour à tour été classé dans ces trois familles. Celle des Davidiacées a été créée spécialement pour lui. Certains botanistes le classent dans les Nyssacées (avec le Nyssa) comme dans la flore de Chine par exemple. Kubitzki (The Families and Genera of Vascular plants, vol.6, 2004) le classe dans les Cornacées (comprenant les genres Cornus, Davidia, Mastixia, Diplopanax, Alangium, Camptotheca et Nyssa).

C’est un arbre rare dans la nature, relique du tertiaire. Il avait sans doute une large répartition mais a disparu de nombreuses localités lors des dernières glaciations pour ne survivre que dans le centre et le Sud-Ouest de la Chine. Il est appelé en Chine « fossile vivant » et « panda géant » du « royaume des plantes ». L’arbre aux mouchoirs occupe en Chine une place importante dans la recherche floristique et est classé parmi les plantes protégées.

Il pousse dans les forêts caduques ou sempervirentes, sur les pentes en lieux ombragés et humides. On le trouve à Shennongjia (Hubei), dans les montagnes Wanchao (Xingshan), vers le temple Taishan (Enshi), dans les montagnes à Lichuan, dans la région de Swan (Jianshi), au petit Shennongjia (Badong), à Huangbaipeng (Hefeng), dans les montagnes Wu (Sichuan) et dans les montagnes Wuling (Hunan) à une altitude comprise entre 1280 et 1800 m. Il pousse également dans la région de Baoxing, Tianquan, Mabian et Leibo (Sichuan) entre 1800 et 2300m ; dans les montagnes Fanjing (Guizhou) entre 1000 et 1800 m ; à Zhenxiong, haiziping (Yiliang), Sanjiangkou (Daguan) ; Tongluoba (NE.Yunnan) entre 1200 et 1400 m ; Weixi, Gongshan et Lanping (NO.Yunnan).

On le trouve souvent associé à Fagus longipetiolata, Cinnamomum camphora (le camphrier), Aesculus wilsonii, Chimonobambusa tumidissinoda & Chimonobambusa quadrangularis (bambous), Castanopsis platyacantha, Schima superba, Actinodaphne omeiensis, Lithocarpus elegans, Lithocarpus cleistocarpus, Quercus engleriana, Gordonia axillaris, Cercidiphyllum japonicum et Cornus melanotricha dans des zones à température moyenne annuelle de 12-14°C avec 1200-1400 mm de précipitations. Des arbres ayant plus de 150 ans poussent à Yezhixiang (Weixi) et Muganxiang (Daguan).

En Chine, plusieurs noms lui sont donnés : ‘Labizi’ dans le langage Lisu, ‘Oula’ dans le langage Nu dans les Gongshan ou encore jujubier sauvage (?) à Weixi.

Les chinois vénèrent cet arbre et le plantent beaucoup à travers la Chine, même à des altitudes bien inférieures à sa répartition naturelle. Ils aiment dire que ce sont les seuls mouchoirs capables de voler dans toute la Chine !

Concernant sa multiplication, les chinois ont réalisé des essais sur la germination des graines. Sans traitement, celles-ci mettent 1 à 2 ans pour germer. En plaçant les graines tout l’hiver dans du sable humide et en semant au printemps, on obtient un fort taux de germination dès la première année. Ses expériences sont menées par « The Forest Department of Huaihua » dans la province de Hunan. Les graines sont placées dans des plates-bandes de sable de 7 cm de profondeur, à l’ombre. Les graines sont placées à 5 cm sous le sable qui est arrosé tous les 3/5 jours. Les graines y sont placées vers mi-novembre et germent en avril. Le taux de levée est de 80%.

Le bouturage a été testé au jardin botanique de Guiyang sur des rameaux semi-ligneux dans du sable. La base des rameaux à bouturer est trempée dans 50-100 ppm d’acide indolacétique durant 24 heures. Les racines apparaissent au bout de 30 jours et la reprise est de 50% environ.

Sa répartition : Chine (Guizhou, O.Hubei, O.Hunan, Sichuan, N.Yunnan), en forêts mixtes de montagne, à 1500-2600m. Cette espèce est notée comme rare dans le « China Pl. Red Data Book » de 1992.

Distinction entre les deux variétés :

Feuilles densément pubescentes dessous……….var.involucrata

Feuilles glabres dessous ou légèrement pubescentes quand elles sont jeunes, parfois glauques dessous……….var.vilmoriniana

Le Davidia vit dans des régions à hivers froids et à étés frais, brumeux et pluvieux. L’hygrométrie moyenne est y de 80 à 85%. Cet arbre est donc bien rustique mais craint les étés chauds et secs. Je connais de beaux exemplaires qui n’ont pas survécus à l’été 2003. Il faudra donc lui réservé un emplacement abrité du soleil brûlant et des vents chauds. Le sol devra ne jamais être desséché et rester humide. C’est un arbre à croissance assez rapide lorsqu’il est en de bonnes conditions.

 

Qui dit cuisine asiatique, dit gingembre. Incontournable. Le genre Zingiber compte entre 100 et 150 espèces des zones chaudes de l’Asie. Hors de question donc, de planter ça dans son potager. C’est bien dommage car ce sont également de plantes très décoratives. Heureusement pour nous, jardiniers des régions froides, on trouve dans les montagnes du Japon, une espèce habituée aux hivers froids, Zingiber mioga. En juillet, ses fleurs sont ouvertes dans le jardin. Preuve de sa résistance au froid, nous l’avons vu dans son habitat, dans les forêts de montagnes, lorsque nous empruntions la route pour la célèbre station du Mont Higashitate où se sont déroulés les J.O. de Nagano. Et puis, notre plant dans le jardin, qui passe les hivers sans protection, même lorsque le thermomètre descend bien en-dessous des –15°C.

Voilà donc un gingembre que l’on peut cultiver dehors chez nous. Bon, ok. Mais pour quoi faire ? Tout d’abord, pour l’ornement. Ses tiges dressées de 40/60 cm de haut portent de longues feuilles vertes avec un port évoquant les plantes que l’on peut trouver dans les sous-bois des forêts tropicales. Et, en été, c'est une multitude de fleurs jaunes qui apparaissent au pied des tiges. Notre plant est cultivé en isolé, dans une zone où l’on peut facilement observer sa floraison. C’est une plante d’allure peu banale. Et puis, comme tout gingembre qui se respecte, les asiatiques en ont trouvé plusieurs utilisations, culinaires et médicinales. Les boutons floraux sont très recherchés comme condiment frais. Emincés, ils sont utilisés dans des soupes ou des tempura. Même s’il est moins recherché que celui du gingembre officinale, son rhizome est tout de même parfois également utilisé tout comme ses jeunes pousses.

Pour être plus précis, cette espèce pousse naturellement au Japon et dans les provinces chinoises de Anhui, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Yunnan et Zhejiang où on le trouve dans les vallées des montagnes en lieux frais. Il est étonnant de constater qu’il reste peu cultivé en Chine.

Il fut cultivé pour la première fois en France, à Paris au Museum, lorsque le Dr.Hénon envoya des rhizomes au Dr.Désirée Bois en 1879.

Un mythe japonais raconte que la consommation de cette plante rend distrait, tête en l'air, voire amnésique. Autrefois, le disciple d'un grand maître était tellement distrait qu'il en oublia son propre nom… Après son décès, une étrange herbe poussa prés de sa tombe. Elle fut appelée mioga.

Ses feuilles peuvent tout de même approcher les 40 cm de long. Ses fleurs apparaissent, selon les régions, de juillet à octobre. On le plantera au soleil non brulant ou à ombre légère dans toute bonne terre de jardin bien drainante, surtout en hiver où la plante est au repos.

C’est par les bambous que tout a commencé. Je me devais donc de débuter cette série par l’un d’entre eux. Il y a des dizaines de bambous que je trouve très beaux et, sans réfléchir, je choisis le bambou noir. Peut être que d’autres suivront, qui sait ?

Une fascination. Voilà le juste mot pour décrire ma découverte de cette plante. Il n’en fallait pas plus pour que je décide d’y consacrer mon mémoire de BTS. Visites de jardins, inscription à l’Association Européenne du Bambou, tout ceci m’a permit de rencontrer Yves Crouzet, à l’époque PDG des pépinière de la Bambouseraie, où j’allais travailler pendant près de 5 ans.

Tout me fascine dans le bambou : sa symbolique, ses multiples utilisations, sa grâce naturelle et son graphisme hors pair. Alors, c’est vrai, il n’a pas une bonne réputation, on le considère comme envahissant dans nos jardins. Tous ne le sont pas et il faut apprendre à les dompter. Mais quel bonheur, au cœur de l’hiver, de voir ses chaumes colorés et son feuillage exubérant se détachant de cette brume grise et morne.

On pourrait raconter des centaines d’histoire sur le bambou. J’aime le bambou noir pour ses chaumes, qui, avec le temps, deviennent noir ébène et brillants. Un fabuleux contraste avec son feuillage vert frais. C’est un bambou unique. Au jardin, il formera une touffe dense de 3 à 4 m de haut environ. On dit ses feuilles sensibles aux vents froids de l’hiver, il se montre pourtant très résistant. Ses chaumes sortent verts et noircissent dans le courant de la 2° année. Il est alors judicieux de couper ses branches basses pour en dégager la base des chaumes.

Largement cultivé dans de nombreux pays, il est difficile d’en connaître l’origine exacte. D’après les chinois, ce serait dans le sud de la province du Hunan sur les pentes des montagnes et dans les vallées, en forêts. Mais il est cultivé depuis des temps ancestraux au Japon. Cela se comprend aisément car il reste très décoratif, même une fois ses chaumes secs. En effet, les pigments noirs des chaumes sont chimiquement stables et ils ne perdent donc pas leur couleur une fois secs. Ils sont très utilisés pour la décoration des maisons japonaises, pour les manches des pinceaux pour la calligraphie et comme supports pour les tapisseries.

Il en existe de nombreuses formes.